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CORDIER DANIEL (1920-2020)

Daniel Cordier - crédits : Thibault Stipal/ Opale/ Bridgeman Images

Daniel Cordier

Daniel Cordier eut plusieurs vies successives, qui finirent par s’emboîter. Militant nationaliste, secrétaire puis biographe de Jean Moulin, collectionneur, galeriste, globe-trotter, historien, mémorialiste et finalement « grand témoin », il aura toujours été un homme d’engagements, de combats et de passions.

Daniel Bouyjou est né dans la bourgeoisie commerçante de Bordeaux le 10 août 1920. Le mariage de ses parents se détériore rapidement, en partie parce que son père est traumatisé par son expérience de combattant de la Grande Guerre. Sa mère divorce en 1925 pour se remarier avec l’industriel Charles Cordier. Sa garde est confiée à son père et il se retrouve pensionnaire. Voyant très peu sa mère dont le droit de visite est restreint et se sentant stigmatisé par son statut – alors rare – d’enfant de divorcés, il connaît une enfance solitaire et douloureuse dans un collège catholique. À l’adolescence s’éveille son intérêt violent pour la politique, sous l’influence des convictions maurrassiennes de son beau-père. Il fonde à Bordeaux un cercle Charles-Maurras et se plonge dans la lecture des écrits et de la presse d’Action française. Il néglige de poursuivre ses études, se rêvant pianiste contre la volonté de ses parents.

Trop jeune pour être mobilisé, il entend en famille le discours du maréchal Pétain, qui annonce, le 17 juin 1940, la demande d’armistice. Fou de chagrin et de colère devant ce qu’il verra toujours comme une trahison, il rassemble une quinzaine de jeunes gens pour lesquels son beau-père trouve un embarquement à Bayonne, avec le projet de continuer la guerre depuis l’empire colonial. Dérouté, le navire accoste le 25 juin 1940 en Grande-Bretagne. Découvrant là le général de Gaulle, Daniel Cordier s’engage parmi les premiers volontaires de la France libre naissante. Tout en recevant une formation militaire, il prend conscience de la diversité des engagés et se lie avec des hommes aux opinions et aux profils différents des siens, dont Raymond Aron. Se languissant de partir combattre, il sollicite son affectation dans les services secrets de la France libre – futur Bureau central de renseignements et d'action, le BCRA – et est parachuté en France en juillet 1942 pour y devenir opérateur radio. Mais Jean Moulin, représentant alors le général de Gaulle en zone libre pour y fédérer les mouvements de résistance, dépourvu de collaborateurs, le choisit pour diriger son secrétariat à Lyon. Au sein de la Résistance, Cordier se considérera toujours comme un officier de la France libre en mission. Durant cette période, ses opinions politiques se transforment. Il abandonne en particulier son antisémitisme en en découvrant, dans les persécutions à l’œuvre, les conséquences concrètes. Après avoir participé aux tractations nécessaires à la constitution du Conseil de la Résistance et au service d’ordre de sa première réunion en mai 1943, il est envoyé à Paris par Moulin pour y organiser sa prochaine implantation. Après l’arrestation de celui-ci le 21 juin, il garde ses fonctions auprès de son successeur, Claude Bouchinet-Serreulles, jusqu’en mars 1944. Il regagne l’Angleterre en passant par l’Espagne où, après un internement, il a l’occasion de visiter le musée du Prado, que Moulin lui avait recommandé. C’est pour lui une révélation. Il réintègre le BCRA et est fait compagnon de la Libération le 20 novembre 1944. Il demeure dans les services secrets jusqu’à la démission du général de Gaulle en janvier 1946, où il prépare, avec Vitia Hessel, un Livre blanc du BCRA à partir de ses archives que rédigera Stéphane Hessel.

Décidé à ne pas se comporter en « ancien combattant », Cordier s’engage dans la voie de l’art moderne que lui a fait découvrir Moulin. Il s’essaie à la peinture après un apprentissage à l’académie de la Grande-Chaumière, à Montparnasse, et commence[...]

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Média

Daniel Cordier - crédits : Thibault Stipal/ Opale/ Bridgeman Images

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