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FIRMAN DANIEL (1966- )

C’est avec ses personnages étrangement hyperréalistes que Daniel Firman (né en 1966 à Bron) s’est fait connaître au début des années 2000. Moulés d’après nature, habillés de véritables vêtements, et portant perruque, ils sont saisis dans des poses singulières : penchés la tête en bas, appuyés contre un mur ou encore en équilibre sur les mains les jambes en l’air (M-A/C-L, 2005 ; Clémentine, 2006 ; Jérôme (JB), 2009). À les regarder, ces réalisations semblent poursuivre une filiation avec la sculpture hyperréaliste américaine de la fin des années 1960 (Duane Hanson, John De Andrea, George Segal). Elle aussi, à l’époque, venait souligner son ancrage dans la contemporanéité et créer un trouble entre le vivant et l’inanimé. Pourtant, les sculptures anthropomorphiques de Daniel Firman abandonnent l’aspect figé des réalisations américaines au profit d’une représentation du mouvement qui semble arrêtée.

L’objet roi

Formé à l’École des beaux-arts de Saint Étienne puis à celle d’Angoulême, Daniel Firman s’engage au cours des années 1990 dans un travail de sculpture qui s’exprime en premier lieu par la pratique du pliage avant d’en venir, à la fin des années 1990, au corps à proprement parler. À ce titre, la première œuvre qui s’inscrit dans cette perspective est Gathering (1999). Elle est réalisée à partir du moulage du corps de l’artiste et témoigne d’une performance qui consistait en une accumulation d’objets portés par ce dernier.

L’objet a donc sa place dans la sculpture de Daniel Firman. Récupéré, il fonctionne selon un esprit d’accumulation comme un facteur d’énergie autour du corps (Sitting, 2002 ; Bubble, 2006). Ce sont des chaises, des bidons en plastique, des balais, des pneus, soit une vaste palette d’objets qui proposent de revisiter l’histoire moderne de la sculpture d’assemblage. Leur organisation dans l’espace s’apparente parfois à une immense installation (Dust, Grand Café, Saint Nazaire, 2008). Là, couleurs, matériaux et formes s’articulent entre eux pour évoquer l’image d’une société contemporaine désespérément consumériste. La présence humaine n’y est pas figurée, c’est seulement à travers les objets qu’elle se trouve largement matérialisée.

D’autres sculptures revisitent avec humour certaines réalisations de Bertrand Lavier. Le Brandt sur Fichet-Bauche (1985) de Lavier, qui dans les années 1980 s’amusait de l’héritage de Marcel Duchamp en affirmant : « Ceci est un réfrigérateur, ceci est un coffre-fort, mon tout est bien une sculpture », devient dans les mains de Daniel Firman un coffre-fort s’écrasant sur un réfrigérateur (Chute libre, 2007). Une citation qui, non sans ironie, vient reconsidérer la place aujourd’hui usée du ready-made et proposer par là même une filiation artistique.

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université Marc-Bloch de Strasbourg, habilitée à diriger des recherches, critique d'art

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