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FIRMAN DANIEL (1966- )

L’art en apesanteur

L’intégration du geste propre à la performance dans la démarche artistique de Daniel Firman s’est trouvée notamment nourrie par la lecture de textes sur la danse et plus particulièrement sur les œuvres chorégraphiques d’Isadora Duncan, de Rudolf von Laban et de Merce Cunningham. Il ne cesse en effet d’affirmer son intérêt pour la danse. Il s’intéresse notamment aux traces du mouvement dansé ou de la performance qui se trouvent matérialisées sous une forme tridimensionnelle, comme dans les œuvres Excentrique (2005) et Duo (2013). Celles-ci montrent un ensemble de figures, habillées pour la première, en partie nues pour la seconde, représentant un groupe dont tous les mouvements sont liés les uns aux autres et semblent inséparables.

En 2008, à l’occasion de l’exposition Superdrome au Palais de Tokyo à Paris, Daniel Firman expose le spectaculaire Würsa(à 18 000 kilomètres de la Terre). Il s’agit d’un éléphant empaillé qui repose sur sa trompe à la verticale. La pose, pour le moins surprenante, renvoie à celle que prendrait l’animal si, dépourvu de la gravité terrestre, il était en apesanteur à 18 000 kilomètres de la Terre. L’artiste y revient avec Nasutamanus (2012), un éléphant représenté cette fois en suspension dans les airs mais à l’horizontale. Autant de mises en situation inattendues des corps qui viennent créer une forme d’état surnaturel tout en s’appuyant sur le réel. Ces corps, qu’ils soient humains ou animaux, jouent avec les notions de poids, de gravité, d’appui, de volume et de socle qui appartiennent au langage de la sculpture.

Son exposition personnelle, La Matière grise (Musée d’art contemporain de Lyon, 2013) a été pour Daniel Firman un moyen d’associer dans l’espace muséal le vivant à ses réalisations. Un vivant incarné par la présence et par les traces laissées par les danseurs de la compagnie Les gens d’Uterpan (Annie Vigier et Franck Apertet) dont la participation invisible pour le visiteur, mais en partie sonore, a contribué à repenser et redéfinir physiquement l’espace d’exposition (Géographie Lyon, 2013). La sculpture n’est donc plus seulement pour Daniel Firman une affaire de corps hyperréalistes inertes. Elle vient incarner un art vivant en proposant une forme de living sculpture qui se situerait entre les gestes de Gilbert & George et ceux de Tino Sehgal.

— Valérie DA COSTA

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université Marc-Bloch de Strasbourg, habilitée à diriger des recherches, critique d'art

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