AUBER DANIEL FRANÇOIS ESPRIT (1782-1871)
Élève de Cherubini, directeur, après son maître, du Conservatoire, entre 1842 et 1871 (date à laquelle Ambroise Thomas lui succédera), maître de chapelle de Napoléon III, Auber est le dernier grand représentant de l'opéra-comique français, tel que l'avaient conçu Philidor, Monsigny et Grétry. Spirituel et brillant, génie facile (trente-sept opéras-comiques, plus dix grands opéras), il a, sinon la délicatesse qui permettait au xviiie siècle que ces œuvres légères puissent devenir parfois de petits chefs-d'œuvre, du moins un sens mélodique aisé, et la collaboration de Scribe à partir de 1823 lui permet d'obtenir, durant près de quarante ans, un succès à peu près continu (Fra Diavolo, 1830 ; Le Domino noir, 1837 ; Le Lac des fées ; Les Diamants de la couronne ; Haydée, 1847 ; Manon Lescaut, 1857). Mais son plus grand succès reste La Muette de Portici (1828) qui raconte l'insurrection de Masaniello à Naples en 1628 ; l'ouverture, les airs et les chœurs transportèrent le public en 1830 et donnèrent le signal à la manifestation bruxelloise qui commença l'insurrection pour l'indépendance de la Belgique. Peut-être Auber avait-il raison quand il disait de lui-même qu'il avait aimé la musique tant qu'elle avait été sa maîtresse, mais qu'il l'aimait moins depuis qu'il l'avait épousée ; en ne retenant de toutes ses œuvres que l'une des premières, la postérité alors semble ratifier ce jugement désabusé.
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Écrit par
- Philippe BEAUSSANT : directeur de l'Institut de musique et danse anciennes de l'Île-de-France, conseiller artistique du Centre de musique baroque de Versailles
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