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MANIN DANIELE (1804-1857)

Patriote italien du Risorgimento, né à Venise d'une famille israélite (Mortara), qui lui donne le nom du dernier doge de la République Sérénissime (1726-1802). Avocat, Daniele Manin prend une part active, jusqu'en 1840, au mouvement réformiste modéré, qui réunit, autour de l'étude des questions économiques et sociales, les libéraux des divers États de la Péninsule. Après l'avènement de Pie IX (1846), qui fait naître l'espoir d'une prochaine régénération nationale, il commence, avec son ami Niccolò Tommaseo, la « lutte légale » contre le gouvernement autrichien, ce qui leur vaut d'être arrêtés, en janvier 1848. En écho à la révolution de Vienne, Milan et Venise se soulèvent, et Manin est libéré par le peuple. Il refuse la conciliation avec la maison de Habsbourg, convaincu, désormais, que seule la guerre peut résoudre le problème national italien. Il prépare alors la seconde insurrection vénitienne, qui éclate en mars 1848, et il est nommé président d'une république qu'il envisage d'inclure dans une grande fédération italienne. Son action de gouvernement, unissant « la sagesse heureuse à l'enthousiasme passionné », est remarquable d'efficacité. Mais, dès le mois de juin, le retour offensif de l'Autriche et la réoccupation des régions vénitiennes de terre ferme isolent la cité dans sa lagune. Manin fait alors le sacrifice de la république, pour proclamer l'union avec le Piémont. Il constitue un gouvernement provisoire, au-dessus des partis, pour animer la résistance. La réouverture des hostilités par Charles Albert suscite un immense espoir, vite brisé par la défaite de Novare en mars 1849. Investi des pleins pouvoirs en avril, Manin refuse de capituler. Bien plus que les bombardements autrichiens, ce sont la famine, le typhus et le choléra qui ont finalement raison, en août, du dernier foyer de la révolution italienne. Manin part pour l'exil et se fixe à Paris, vivant dans la pauvreté au milieu de la colonie des proscrits libéraux et forçant l'estime par son patriotisme et sa dignité. Il accepte, avec réalisme, la prépondérance de Cavour, à laquelle il subordonne son idéal républicain, persuadé qu'il n'y a plus désormais, dans la Péninsule, que deux forces vivantes : l'opinion publique italienne et l'armée piémontaise. L'intérêt national exige de réunir tous les Italiens autour du programme unitaire et monarchique, ce qu'il explique dans sa célèbre formule : « Le parti républicain dit à la maison de Savoie : Faites l'Italie et je suis avec vous, sinon, non. » À cet effet, Manin utilise ses dernières forces à animer la Société nationale italienne, qu'il avait fondée le 1er août 1857 à Paris, peu avant de mourir.

— Paul GUICHONNET

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