DARRIEUX DANIELLE (1917-2017)
Née le 1er mai 1917 à Bordeaux, Danielle Darrieux commence par étudier le violoncelle. Jeune adolescente, elle se présente à une audition ; c'est ainsi qu'elle tourne, alors qu'elle n'a que quatorze ans, son premier film : Le Bal de Wilhelm Thiele (1931), ce qui lui vaut d'être prise sous contrat par le producteur Marcel Vandal. Incarnant, avec fraîcheur et spontanéité, des ingénues espiègles dans d'aimables comédies, où elle est parfois amenée à chanter, comme La crise est finie de Robert Siodmak (1934), Quelle drôle de gosse de Léo Joannon (1935) et Mademoiselle ma mère d'Henri Decoin (1936), elle s'impose comme la « jeune première » la plus populaire du cinéma français. Son interprétation de Maria Vetsera dans Mayerling d'Anatole Litvak (1936) la révèle dans le registre dramatique et lui apporte la consécration internationale. Après des débuts au théâtre en 1937 dans Jeux dangereux d'Henri Decoin, qu'elle a épousé en 1935, elle part pour les États-Unis. Toutefois, aussitôt tourné un premier film, The Rage of Paris (La Coqueluche de Paris) de Henry Koster (1938), elle revient en France et dénonce le contrat signé avec Universal. Elle conforte son statut de vedette avec Katia de Maurice Tourneur (1938) et Battement de cœur d'Henri Decoin (1940).
Divorcée d'Henri Decoin, avec lequel elle tourne Premier Rendez-vous (1941), un des grands succès de l'Occupation, Danielle Darrieux se remarie en 1942 avec Porfirio Diaz, un diplomate, qui, soupçonné d'espionnage, est bientôt arrêté. Elle est, de fait, obligée de tourner de nouveau dans des productions Continental et de se rendre en Allemagne ; mais, aussitôt son mari libéré, elle abandonne le métier jusqu'à la Libération. Elle fait donc son retour sur les écrans en 1945, et aussi, après sept ans d'absence, sur scène. Si elle joue dans quatre pièces jusqu'en 1950, son activité cinématographique reprend lentement, d'autant qu'elle a la trentaine et que la dernière image que le public garde d'elle est celle d'une adolescente facétieuse. Cependant, elle aborde ce tournant avec intelligence et un talent plus affirmé, imposant sa beauté, sa grâce, dans des personnages plus riches, plus complexes, comme la femme mariée de La Ronde de Max Ophüls (1950), la comtesse de Five Fingers (L'Affaire Cicéron) de Joseph Mankiewicz (1951), l'épouse criminelle de La Vérité sur Bébé Donge d'Henri Decoin (1951), la prostituée du Plaisir de Max Ophüls (1951), la bourgeoise coquette de Madame de... de Max Ophüls (1953), ou encore le rôle de Mme de Rênal dans Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara (1954), au côté de Gérard Philipe, et celui de la pharmacienne dans Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier (1958).
L'avènement de la Nouvelle Vague n'altère en rien la popularité de Danielle Darrieux, ni sa carrière, au théâtre comme au cinéma ; certains de ses membres, Claude Chabrol (Landru, 1963) et Jacques Demy (Les Demoiselles de Rochefort, 1967), font même appel à elle. Cependant, rares sont les films qui, qualitativement, souffrent la comparaison avec les précédents. Dans les années 1970, elle ne joue que dans quatre films, dont Le Cavaleur de Philippe de Broca (1979), dans lequel, alors sexagénaire, elle fait une lumineuse « apparition ». En revanche, elle se produit beaucoup sur scène, interprétant six pièces et deux opérettes, dont Coco, en remplacement de Katharine Hepburn, à Broadway et à Londres. Dès lors, elle se partage entre la scène et le cinéma, où, elle retrouve des « anciens », comme Jacques Demy (Une chambre en ville, 1980). Mais elle est aussi sollicitée par des metteurs en scène plus jeunes, tels André Téchiné (Le Lieu du crime, 1986), Benoît Jacquot (Corps et biens, 1986) et François Ozon (Huit Femmes, 2001). La Cinémathèque française[...]
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
Classification
Média
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