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KAYE DANNY (1913-1987)

À Broadway en 1941, Lady in the Dark, une « pièce musicale » écrit par Kurt Weill, fait courir tous les New-Yorkais. Dans un rôle secondaire, un jeune comédien joue sur l'absurdité du langage, dans un registre peu éloigné au fond de celui de Raymond Devos : Danny Kaye (de son vrai nom David Daniel Kaminsky, né à New York en 1913) venait ainsi de définir son style et d'attirer l'attention du producteur indépendant Samuel Goldwyn. Il fait ses véritables débuts à l'écran en 1943 dans Up in Arms (Un fou s'en va-t'en guerre, E. Nugent), somptueux film en technicolor dans lequel il est entouré par les Goldwyn Girls et une « pin-up » blonde : Virginia Mayo, qui deviendra sa partenaire attitrée. Plus qu'au théâtre, Kaye peut déployer l'étendue de ses multiples dons (pantomime, imitations débridées) et, comme tout show-man qui se respecte, chanter, danser et adopter le rythme de la comédie musicale. En 1947, il incarne à merveille le héros de James Thurber, Walter Mitty, doux rêveur qui bâtit un univers conforme à ses désirs en s'imaginant tour à tour pirate, jeune premier, ineffable séducteur et magnat de la presse (La Vie secrète de Walter Mitty, N. McLeod). Son talent explose dans cette comédie oscillant entre le fantastique et le « musical ». Danny Kaye retrouvera en 1948 les partenaires de ce film, Boris Karloff et Virginia Mayo, dans un « remake » de Boule de feu également réalisé par Howard Hawks : Si bémol et fa dièse. Par la suite, les scénaristes joueront sur l'ubiquité de son personnage et écriront pour lui plusieurs « doubles rôles », comme dans Sur la Riviera (W. Lang, 1951). Danny Kaye pourra ainsi « croquer » différents portraits ou types physiques dans Vive M. le maire (H. Koster, 1949), et se livrer à des parodies de « genres » célèbres : cape et épée dans Le Bouffon du roi (M. Frank et N. Panama, 1956), espionnage dans Un grain de folie (ibid., 1954). Bien que fort divertissantes, ces comédies ne rendent pas tout à fait justice à la versatilité de l'acteur. On se souvient plus volontiers de morceaux d'anthologie, comme dans le film Millionnaire de 5 sous (M. Shavelson, 1959), où il incarne un chef d'orchestre américain qui fut célèbre dans les années 1920 et se lance dans une extraordinaire improvisation en compagnie de Louis Armstrong, qui joue son propre rôle.

Dans les années 1960, Danny Kaye tournera seulement deux films Les Pieds dans le plat (F. Tashlin, 1963), et La Folle de Chaillot (B. Forbes, 1969). Comme d'autres acteurs de sa génération, il avait trouvé une nouvelle popularité à la télévision avec un programme intitulé « The Danny Kaye Show » : il peut y parfaire un numéro célèbre de chef d'orchestre mégalomane et illuminé, très proche de Tex Avery. Son comique essentiellement gestuel, ou fondé sur le caractère implacable de certains mots de la langue anglaise aux syllabes meurtrières, est encore mieux cerné par les gros plans de télévision. À la demande de l'U.N.I.C.E.F., Danny Kaye se consacra aux enfants déshérités de la planète et participa comme maître de cérémonie à de nombreux galas en faveur des handicapés.

— André-Charles COHEN

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