DANSE
Danse ludique, danse profane
Peu à peu la danse devient profane, cérémonial festif ou simple divertissement social. À ce titre, elle réfléchit les aptitudes de chaque peuple, relève des différents folklores et traditions souvent d'origine rurale. Facteur de communication et de sociabilité, elle exerce un rôle plus ou moins notable et reconnu dans la vie de toute collectivité comme de tout individu. Expression d'une ethnie, d'une communauté ou d'un groupe, elle en reflète les caractères, les aspirations, et s'associe étroitement aux divers moments de la vie quotidienne dont elle stylise parfois la gestuelle. Longtemps, elle s'est transmise oralement d'une génération à l'autre, usage qui s'est perpétué jusqu'au xxie siècle dans certaines régions des Balkans, de Grande-Bretagne, d'Europe de l'Est et d'Orient. À partir du xviie siècle, elle a souvent servi de source d'inspiration pour la danse théâtrale. Prélude aux jeux amoureux des jeunes gens, à la célébration des fiançailles et du mariage, elle s'apparente aux rites antiques de fécondité ou de brigue. Elle respecte l'alternance des temps rapides et lents, de la marche cadencée, des pirouettes et des sauts. Grâce à elle, un échange incessant s'établit entre les diverses couches sociales, transmettant aux unes le raffinement, aux autres la spontanéité et l'énergie foncières. Parfois collective, notamment dans la ronde, les branles sérieux ou gais, et la farandole, la danse de société, après avoir séparé hommes et femmes, se pratique progressivement par couples de sexe opposé. En Europe, à partir du xve siècle, se développent au gré des modes, changeant avec les usages, le milieu et les valeurs sociétales contemporaines, des danses de bal qui rassemblent les générations et franchissent rapidement les frontières.
La péninsule ibérique tient dans le domaine de la danse traditionnelle une place particulière. Si le danseur quitte peu le sol, il fait preuve, en le piétinant du talon dans le taconeo, de la plante et de la pointe du pied dans le zapateado, d'une étonnante batterie, d'une rythmique subtile. À l'Orient, il a emprunté le sens de la courbe qui cambre le corps, ploie les genoux, fait onduler les bras pâmés, notamment dans le flamenco d'origine gitane. À cela il faut ajouter ces tours nerveux qui font virer le torse ou le corps entier. Ces éléments de base se retrouvent dans la seguidilla et toute la gamme des bailes régionaux : sarabande, fandango, jota, bolero, habanera.
L'antique dualisme de la danse par couples, ouverte ou fermée, et de la danse de groupe va tendre à s'atténuer. Divers genres s'instaurent, répondant chacun à une catégorie d'aspirations. Ainsi la vitalité exubérante, juvénile, se réfléchit tour à tour dans la gaillarde, la tarentelle, la forlane, la volte, la bourrée, la gigue, le rigaudon, la polka, le cake walk, le jitterburg. Par contre, la grâce, l'élégance suggèrent successivement la pavane, la courante, le menuet, l'allemande, la valse, la lesghinka, la polonaise, le boston. Venue d'Angleterre au début du xviiie siècle, la contredanse remet en honneur, avec les danses à figures, le principe du jeu de société que l'on retrouve dans la mazurka et surtout le quadrille, le cotillon, la square dance.
Danses de folklore ou de société supposent parfois l'usage d'accessoires : clochettes chez les Basques, bottes souples chez les Caucasiens, rigides chez les Hongrois, claquettes métalliques chez les Américains dans la tap-dance. Généralement, les Occidentaux se définissent au contact des Orientaux par un goût de l'en-dehors, des mouvements extravertis, de l'élévation et par cette aptitude à dégager, à développer harmonieusement les membres, qui s'épanouira ailleurs idéalement dans la danse académique.[...]
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Écrit par
- Marie-Françoise CHRISTOUT : docteur d'État ès lettres, conservateur honoraire à la Bibliothèque nationale de France, écrivain et critique
- Serge JOUHET : professeur de philosophie, producteur d'émissions culturelles à l'O.R.T.F.
Classification
Médias
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