DANSER SA VIE (exposition)
Danse et performance
Le dernier volet de l'exposition, « Danse et performance », visite les liens, anciens ou récents, qui unissent deux arts dans une authentique proximité. Depuis le mouvement dada (1916-1923), l'art tend à faire éclater l'espace d'exposition de l'œuvre pour retrouver la vie et la rue dans la perspective d'annihiler la barrière entre art noble et culture populaire. Cette préoccupation va toucher un grand nombre de danseurs : ceux qui participent à l'aventure dada, comme Mary Wigman ou Sophie Taeuber-Arp, et d'autres, comme l'Allemande Valeska Gert qui va déployer des œuvres qui associent plusieurs formes d'expression. Mais la première performance (ou happening) répertoriée comme telle reste celle que le chorégraphe Merce Cunningham et le compositeur John Cage vont créer au Black Mountain College en 1952. Elle réunissait, outre les deux artistes déjà cités, David Tudor au piano, Robert Rauschenberg qui projetait des diapositives et passait de vieux disques sur un phonographe tandis que Mary Caroline Richard et Charles Olson lisaient leurs poèmes. Cette œuvre deviendra le fondement des mouvements artistiques d'avant-garde des années 1960. Dans le même ordre d'idées, on retrouvera dans cette troisième partie de l'exposition un film dadaïste, Entr'acte de René Clair (qui a été diffusé le 27 novembre 1924 au milieu de Relâche, ballet dadaïste de Jean Börlin et Francis Picabia, au Théâtre des Champs-Élysées), mais aussi, bien sûr, des films de Cunningham, associé à la constellation d'artistes qui ont gravité autour de son travail : Andy Warhol, Robert Rauschenberg ou Jasper Johns. En fait partie également toute la nouvelle vague d'artistes que Cunningham a suscités tels que Yvonne Rainer, Trisha Brown ou Anna Halprin. Cette section présentait aussi les répliques plus lointaines de cet ébranlement artistique avec le film de Jan FabreQuando l'uomo principale è una donna (2004), qui répond aux Anthropométries (1960) d'Yves Klein (empreintes de corps de femmes nues et enduites de couleur bleue sur des toiles blanches), ou avec The Show must go on de Jérôme Bel (2011), spectacle également filmé.
Si on peut constater quelques étrangetés (comme la place de Martha Graham dans cette troisième section, sa danse tout à fait narrative n'ayant rien à voir avec la performance) ou absences (nombre d'artistes n'ont pas souhaité communiquer leurs archives), cette exposition reste un événement qui fait date. Outre la qualité des œuvres exposées, elle bat en brèche l'idée si répandue qui voudrait que la danse, art éphémère, soit appelée à disparaître sans laisser de traces.
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
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