INDE DANSES TRADITIONNELLES DE L'
Trois styles de danses, pratiquées dans chacune des grandes écoles de danses traditionnelles hindoues, existent en Inde : le nritta, qui combine une série complexe de mouvements incessants du pied et des poses sculpturales inspirées de l'art graphique ou des statues ; le natya, qui est une espèce de drame ou de pantomime, alliant le chant et la musique à la danse ; le nritya, dans lequel c'est le danseur lui-même qui chante. Les sources principales d'inspiration de la danse sont les grandes épopées sacrées : le Râmâyana, le Mahâbhârata, les Purânas. On compte quatre écoles classiques traditionnelles : bharatanatya, kathakali, kathak et manipurî, auxquelles on ajoute parfois une cinquième école, mohinî attam.
Le bharata-natya, créé par Bharata, est pratiqué dans la région de Tanjore (Inde du Sud). Il comprend des sauts, des poses à demi assises, des tournoiements très rapides, des pas sur la pointe des pieds, voire des talons, des mouvements des épaules, des poignets et du corps tout entier. C'est aujourd'hui une danse de scène pour un soliste, homme ou femme ; autrefois, seule une danseuse l'exécutait ; elle appartenait aux dévadâsîs, danseuses sacrées attachées au service cultuel d'un temple. Les mouvements sont codifiés minutieusement et leur connaissance exige un long et difficile apprentissage, qui requiert force et vigueur, grâce et finesse. L'orchestre comprend vînâ (instrument à cordes), mridanga (grand tambour à deux faces, l'une aiguë, l'autre grave), flûte et chanteurs.
Le kathakali est, par sa richesse chorégraphique et dramatique, le plus important des styles des écoles hindoues. Il existait déjà au ixe siècle. C'est une sorte de drame qui commence par une prière et dont le pouvoir est tenu pour magique ; les thèmes en sont empruntés à la littérature sanskrite ou à des sujets réalistes (imitation d'animaux, tels que paon, daim, éléphant). Sa connaissance complète requiert près de sept ans d'exercices. Il est en honneur sur la côte sud-ouest de l'Inde (Kérala). Les danseurs sont à demi assis et ils utilisent beaucoup de mudrâs et des jeux particuliers du regard ; ce qui permet un dialogue très précis entre partenaires. Les mudrâs (on en compte selon la tradition vingt-quatre ou vingt-huit principales) sont des gestes des mains imitatifs, évocatifs ou symboliques ; ils tiennent une grande place dans la danse. « Les arabesques des mains créent l'état d'âme de la danse, du danseur et du spectateur » (Usha Chatterji). Exécuté au théâtre par une troupe qui peut compter jusqu'à une trentaine de personnes, le kathakali dure parfois une douzaine d'heures. Danseurs et danseuses sont revêtus d'habits somptueux et se griment le visage d'après les prescriptions de la tradition concernant le personnage qu'ils représentent. L'orchestre est composé de tambours (maddalam), flûtes, vînâ, cymbales, gong.
Le kathak, terme qui signifie « parler », est le style d'une école de danses du nord de l'Inde. Ce sont les pieds qui, par des pirouettes rapides, des arrêts subits, et d'autres figures, expriment un véritable langage. On appelle bols les « syllabes » des « paroles » composées par les battements des pieds. Cette danse est un divertissement exécuté par un soliste, homme ou femme, et qui demande une haute virtuosité. Le kathak a perdu son caractère sacré, notamment à la suite des influences musulmanes.
En honneur dans la région de Manipur (province d'Assam), le style de l'école manipurî est fort gracieux et utilise modérément les mudrâs. Cette danse retrace des scènes de la vie de Krishna. L'orchestre est composé de flûtes, de tambours (kohl), et accompagne des chants mystiques (kirtânas).
Enfin, il convient de signaler une danse qui a à peu près disparu aujourd'hui, et[...]
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
Autres références
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