LAFERRIÈRE DANY (1953- )
Le roman dessiné
Dany Laferrière demeure envers et contre tout un écrivain de la translation. Jamais figé dans une posture ou un état, il se vit comme éternellement en déplacement, fût-ce simplement par la voie de l'imaginaire. De ce point de vue, sa pratique de l'autobiographie dessinée, notamment dans L'exil vaut le voyage (2020), est significative d'un refus de se prendre au sérieux. En effet, le texte manuscrit qui se dévoile est accompagné de dessins naïfs. Une approche pour le moins iconoclaste de la littérature pour un académicien qui défend l'idée d'un exil heureux.
L'œuvre de l'enfant de Petit-Goâve ne cesse, pour se renouveler, de fréquenter assidûment les compagnons de route qu’il s’est choisis : Césaire, Senghor, mais aussi Ovide ou Nabokov. On le voit encore avec son quatrième roman dessiné, Sur la route avec Bashō(2021), au titre symbolique.
Une chose est sûre, Dany Laferrière n'a pas fondamentalement changé depuis son entrée fracassante dans le paysage littéraire. Il reste cet écrivain embarqué dans un monde aussi désorienté que fracturé, comme en témoigne son Petit Traité du racisme en Amérique (2023). Pour autant, il ne semble pas près de perdre son âme d'observateur hors pair. Le choix d'un narrateur-enfant dans le roman dessiné L'enfant qui regarde (2022) n'a de ce point de vue rien d'anecdotique.
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Écrit par
- Antony SORON : maître de conférences, habilité à diriger des recherches, formateur agrégé de lettres à l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation, Sorbonne université
Classification
Média
L’écrivain Dany Laferrière
Ulf Andersen/ Getty Images
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