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TORRES DARA (1967- )

Une erreur de jeunesse, selon ses propres termes (elle s'était coupé les ongles la veille de la finale du 50 mètres), matérialisée par un centième de seconde perdu, a empêché une quadragénaire de faire un peu d'ombre à Michael Phelps dans le « cube d'eau », lors des jeux Olympiques de Pékin en 2008. L'Américaine Dara Torres n'en a pas moins réalisé une incroyable performance : remporter, à quarante et un ans, trois médailles d'argent aux Jeux, dans une discipline qui voit le plus souvent briller des adolescentes.

Dara Torres est née le 15 avril 1967. En 1982, à quinze ans, elle bat le record du monde du 50 mètres (25,69 s). Son incroyable aventure commence. Sélectionnée pour les jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984, elle remporte le relais 4 fois 100 mètres. Mais, malgré d'indéniables qualités, elle ne parvient pas à obtenir une médaille d'or individuelle aux Jeux. Elle est néanmoins l'un des piliers de l'équipe féminine de relais 4 fois 100 mètres des États-Unis : titre mondial à Madrid en 1986, médaille de bronze aux Jeux de Séoul en 1988, médaille d'or aux Jeux de Barcelone en 1992. Dara Torres met alors un terme à sa carrière de nageuse.

Après sept années d'inactivité sportive, Dara Torres se propose de relever un improbable défi : elle se remet à l'eau en 1999, avec pour objectif de gagner sa sélection pour les jeux Olympiques de Sydney en 2000. Ce come-back tourne à la démonstration. En effet, en Australie, Dara Torres remporte cinq médailles : l'or dans les relais 4 fois 100 mètres et 4 fois 100 mètres 4 nages ; le bronze sur 50 mètres et 100 mètres nage libre, ainsi que sur 100 mètres papillon. Les performances de cette championne de trente-trois ans – qui nage plus vite que du temps de sa splendeur – alimentent la rumeur. Mais les soupçons de dopage sont écartés, et Dara Torres met une seconde fois un terme à sa carrière sportive. Son exploit de Sydney lui confère une nouvelle notoriété. Durant son break de sept ans, elle avait entamé une carrière dans les médias, s'était essayée avec un certain bonheur au mannequinat. Désormais, les chaînes de télévision la réclament, elle commente aussi bien des courses automobiles que des défilés de mode, poursuit son activité de mannequin...

On la retrouve dans les bassins à l'été de 2005. Il ne s'agit plus pour elle de compétition sportive, mais de se maintenir en forme, à raison de quatre séances d'une heure par semaine dans la piscine de Coral Springs, en Floride, durant sa grossesse. Elle met au monde une fille, Tessa, au printemps de 2006. L'histoire pourrait s'arrêter là, mais Dara Torres a repris goût à la natation. En août 2006, elle nage le 50 mètres en 25,98 s. Ce temps constitue le record du monde Masters (nageurs âgés de 35 à 39 ans) ; surtout, il est proche des performances que Dara Torres réalisait jadis. L'idée d'un incroyable second retour naît à ce moment-là. En juin 2007, lors d'un meeting à Rome, elle réalise des performances qui approchent le niveau mondial (24,93 s sur 50 mètres, 54,61 s sur 100 mètres). Sa décision est prise : vingt-quatre ans après Los Angeles, elle va de nouveau tenter de participer aux Jeux. Elle se prépare avec Michael Lohberg, qui lui concocte un programme allégé, mieux adapté à son âge : cinq séances de natation (contre douze pour ses cadettes) et quatre séances de musculation par semaine. En outre, elle s'assure le concours d'un spécialiste du sprint, Chris Jackson, emploie un entraîneur pour le renforcement musculaire, un diététicien, un kinésithérapeute, une masseuse, et bien sûr... une nourrice pour sa fille. Au fil des mois, le retour de Dara Torres devient une évidence. En juillet 2008, lors des sélections américaines, elle réussit son pari : elle se qualifie sur 50 et 100 mètres. À Pékin, elle nagera en définitive les[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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