DARBY ABRAHAM (1678-1717)
Une dynastie de maîtres de forges
À la mort d’Abraham Darby I, le 8 mars 1717 à Coalbrookdale, la société passe aux mains de son gendre, Richard Ford, puis, au décès de ce dernier en 1745, à celles d’Abraham Darby II (1711-1763), alors âgé de trente-quatre ans. Ce dernier améliore le procédé de son père Abraham Darby I et parvient à produire une fonte apte à être transformée en fer laminé ou forgé au martinet. La Bristol Iron Company passera entre les mains du gendre d’Abraham Darby II avant d’être dirigée, à sa majorité, par Abraham Darby III (1750-1791). La société est alors une entreprise florissante qui fournit de la fonte au coke de bonne qualité à un prix intéressant, grâce surtout aux secrets de fabrication hérités du fondateur et qui seront jalousement gardés par ses descendants pendant près de cinq générations. Après 1750, le procédé des Darby, bien au point, bénéficie de la montée des prix du charbon de bois et diffuse dans toute l’Angleterre. L’entreprise produit de la fonte pour les rails et les roues des premiers wagons, encore tirés par des chevaux, ainsi que pour construire le premier pont en fonte du monde, l’Iron Bridge, bâti par Darby III et John Wilkinson en 1779 sur la Severn, à Coalbrookdale. Ce site abrite aujourd’hui un musée de plein air évoquant ce berceau de l’histoire industrielle de l’Europe.
L’histoire de la dynastie Darby est exemplaire, d’abord du fait de la longévité de son entreprise vouée à une production unique, la fonte au coke, constamment perfectionnée au fil de presque un siècle ; ensuite pour le rôle joué par ces innovateurs anglais du début du xviiie siècle, pour beaucoup issus de dissidents : quakers, presbytériens ou baptistes. Enfin, l’évolution du marché des combustibles et des matières premières au cours de cette période y joue un rôle essentiel. En effet, le succès de la fonte au coke ne peut être dissocié du cours croissant du prix du charbon de bois, résultant de la raréfaction de la matière première, et donc du recours à la houille pour produire en grande quantité le fer que réclame la révolution industrielle en marche.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
Classification
Média
Autres références
-
ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Fer et fonte
- Écrit par Henri POUPÉE
- 4 357 mots
- 6 médias
...la forge consommait à elle seule autant que les foyers domestiques). À la fin du xviiie siècle, l'emploi du coke, découvert par l'Anglais Abraham Darby en 1735, se généralise et provoque l'essor des hauts fourneaux, le développement des techniques de laminage et de martelage. Le Creusot utilisera... -
MULTIPLICATION DES INVENTIONS
- Écrit par Francis DEMIER
- 307 mots
Au tournant des années 1760 se multiplient les découvertes qui donnent corps à l'idée de « révolution industrielle ». Le phénomène est surtout spectaculaire dans la filature de coton. En 1765, James Hargreaves met au point la spinning jenny, métier à filer dans lequel un...
-
RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
- Écrit par Jean-Charles ASSELAIN
- 11 828 mots
- 1 média
...la mode des cotonnades imprimées... Si la fibre du coton ne s'était pas prêtée aussi bien à la filature mécanisée... Si, au prix de longs efforts, les Darby n'étaient pas parvenus à maîtriser la technologie de la fonte au coke, et si le génie de James Watt n'avait pas réussi à transformer les « pompes...