FO DARIO (1926-2016)
Dario Fo est né le 24 mars 1926 à Sangiano (Lombardie). Après une formation aux arts plastiques, des débuts comme acteur de revue (1950-1955) et un travail comme scénariste et acteur de cinéma (1955-1957), il fonde avec sa femme, Franca Rame (1929-2013), une compagnie pour laquelle il écrit d'abord des farces en un acte (1958-1959), puis des comédies (1959-1968). Après la saison 1967-1968, il entre dans l'action militante avec l’association Nuova Scena, en 1968, puis le collectif La Comune en 1970. Ce sont les spectacles de cette période qui fondent sa notoriété de « jongleur » qui exprime en tous lieux, de l’usine occupée à la télévision, la révolte et le rire incommodes des opprimés. Il a obtenu en 1997 le prix Nobel de littérature.
Un acteur-auteur
Le travail théâtral de Dario Fo s’inscrit dans une tradition italienne d’acteurs-auteurs, que lui-même fait remonter aux jongleurs médiévaux et dont il est, dans la seconde moitié du xxe siècle, le principal représentant italien aux côtés d’Eduardo De Filippo et de Carmelo Bene. Cela signifie qu’il n’est pas seulement un acteur qui écrit, ou un auteur qui joue, mais qu’il assure une maîtrise créatrice et personnelle de tous les éléments des représentations théâtrales : écriture, jeu, mise en scène, souvent conception des décors et des costumes.
Auteur de pièces comiques, il est aussi le créateur d’un type de jeu épique. Dès ses débuts dans des spectacles de revue, aux côtés de Franco Parenti et de Giustino Durano, on a souligné la parenté du travail de Fo avec celui de Bertolt Brecht. Il développe une technique vocale et corporelle qui fait de lui un « anti-mime » (Bernard Dort) : tout en possédant une parfaite maîtrise des techniques du mime – il a travaillé avec Jacques Lecoq –, non seulement il ne s’interdit pas le recours à la parole, mais il refuse le mimétisme. Sa gestuelle extrêmement expressive, qui lui permet d’incarner à lui seul plus de quinze personnages dans un même morceau (Misterobuffo, 1969[Mystère bouffe]), reste allusive et non descriptive. Elle établit ainsi une distance entre acteur et personnage, tout en créant un espace ouvert à l’imagination des spectateurs. De la même façon, Dario Fo forge pour ses solos une langue de scène spécifique, un grommelot composé du mélange de différents dialectes italiens, de mots inventés et d’onomatopées, qui repose à la fois sur le dépaysement linguistique du public, puisque tout n’est pas compréhensible à la lettre, et sur des phénomènes de reconnaissance, les deux effets étant propices au déclenchement du rire. On retrouve ce parler notamment dans la Storiadella tigre (Histoire du tigre, 1979) ou dans Fabulazzoosceno (Fabulage obscène, 1982). Sa maîtrise technique le porte à une forme de virtuosité et à une écriture scénique conçue pour mettre en valeur ses propres qualités d’acteur, ainsi que celles de son épouse, Franca Rame (1929-2013).
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Écrit par
- Laetitia DUMONT-LEWI : agrégée d'italien, enseignante en études théâtrales à l'École normale supérieure
- Valeria TASCA : agrégée de lettres, maître assistante de littérature comparée à l'université de Paris-III
Classification
Médias
Autres références
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ITALIE - Langue et littérature
- Écrit par Dominique FERNANDEZ , Angélique LEVI , Davide LUGLIO et Jean-Paul MANGANARO
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