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DART, mission

L’étape suivante : la mission Hera

En dépit du succès de la mission DART, de nombreuses questions subsistent, dont les réponses sont cruciales pour obtenir une interprétation fiable et complète de l’impact de DART, afin de valider les modélisations numériques du processus et d’extrapoler à d’autres scénarios. De combien la quantité de mouvement de DART a-t-elle été multipliée (ce qui permet de mesurer l’efficacité de l’opération) ? Dans quel état se retrouve Dimorphos ? L’impact a-t-il produit un cratère, et, si oui, de quelle taille ? Ou a-t-il entièrement déformé Dimorphos ? Sur la base des données disponibles, la présence d’un cratère et la déformation complète de l’astéroïde sont deux solutions possibles qui dépendent de la structure et des propriétés mécaniques de Dimorphos. Et quelle est cette structure, en particulier son intérieur ? L’objectif de la mission Hera de l’ESA est d’apporter des réponses à toutes ces questions. Son lancement, en octobre 2024, va permettre d’étudier cet astéroïde pendant les six premiers mois de l’année 2027. La sonde européenne est équipée de caméras, d’un imageur hyperspectral, d’un imageur thermique (fourni par l’agence spatiale japonaise), ainsi que d’un altimètre laser. Elle embarquera aussi deux CubeSats, Juventas et Milani, qui seront déployés à proximité de l’astéroïde. Grâce à un radar basse fréquence, Juventas pourra sonder l’intérieur de Dimorphos – première opération de ce genre sur un astéroïde – afin de savoir si celui-ci est un agglomérat ou un monolithe couvert de rochers, ce qui a des implications très différentes sur notre compréhension de la formation des astéroïdes binaires et sur la réponse à l’impact d’un astéroïde. De plus, il est prévu que ce CubeSat se pose sur Dimorphos, ce qui constituera le premier atterrissage sur un aussi petit corps. Muni d’un accéléromètre, il mesurera le coefficient de restitution (le rapport entre la vitesse d’impact du CubeSat sur la surface et sa vitesse après impact), permettant de fournir de précieuses indications sur les propriétés de la surface de l’astéroïde. Une fois posé, un gravimètre affinera la connaissance du champ de gravité de l’astéroïde. Le CubeSat Milani est, quant à lui, équipé d’un imageur infrarouge pour obtenir des informations sur la composition minéralogique de l’astéroïde, et d’un détecteur et analyseur de poussière dans l’environnement de l’astéroïde binaire. Hera permettra de documenter entièrement le résultat de l’impact de DART, de mesurer les propriétés physiques et de connaître la composition chimique de l’astéroïde binaire. L’ESA, qui a initié les premières études de déviation d’astéroïdes par la technique de l’impact cinétique, complétera ce premier test américain de déviation, permettant ainsi la première expérience d’impact cinétique entièrement documentée à l’échelle d’un astéroïde. Les connaissances ainsi apportées ne seront pas seulement essentielles pour la défense planétaire, mais elles le seront également pour la connaissance scientifique des astéroïdes, restes des briques qui ont formé les planètes.

— Patrick MICHEL

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Écrit par

  • : astrophysicien, directeur de recherche au CNRS, responsable de l'équipe TOP (Théories et observations en planétologie) du laboratoire Lagrange de l'Observatoire de la Côte d'Azur, responsable scientifique de la mission Hera de l'ESA

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Médias

Premier test de déviation d’un astéroïde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Premier test de déviation d’un astéroïde

Système astéroïdal Didymos - crédits : NASA/ Johns Hopkins APL

Système astéroïdal Didymos

Astéroïde Dimorphos - crédits : NASA/ Johns Hopkins APL

Astéroïde Dimorphos