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BEN GOURION DAVID (1886-1973)

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David Ben Gourion, 1948 - crédits : Keystone/ Getty Images

David Ben Gourion, 1948

« Est monté en Israël en 1906 ». Cette épitaphe, qui figure sur la tombe de David Ben Gourion, témoigne avec force du fait que l'arrivée du jeune homme, en septembre 1906, dans la Palestine ottomane, constitua son véritable acte de naissance politique. Il n'eut de cesse, à compter de ce moment, d'œuvrer imperturbablement à la concrétisation du projet sioniste : la création d'un État juif indépendant. Une obstination peu commune et une force d'engagement rare lui permettront de réaliser ce qui apparaissait, au début du xxe siècle, comme un rêve totalement utopique. Certes, l'avènement de l'État d'Israël, en mai 1948, ne fut pas uniquement de son fait. Il fut l'aboutissement d'un travail politique intense mené par une pléiade de leaders, à commencer par Haïm Weizmann, sans lequel la déclaration Balfour de novembre 1917 par laquelle Londres promettait son appui à l'établissement d'un foyer national juif en Palestine n'aurait jamais vu le jour. Il fut aussi l'œuvre de ces dizaines de milliers d'immigrants qui construisirent, patiemment, dans l'entre-deux-guerres, une société juive autonome. Pour autant, la contribution de Ben Gourion à la création de l'État d'Israël fut déterminante : il sut véritablement incarner, à l'instar d'autres hommes d'État d'exception du xxesiècle, le destin de son peuple à une période critique de son histoire.

La période de jeunesse

Cadet d'une famille de cinq enfants, David Gruen vit le jour le 16 octobre 1886 à Plonsk, une bourgade située non loin de Varsovie, où les Juifs formaient la majorité de la population. Contrairement à leurs voisins, fidèles à l'orthodoxie religieuse la plus stricte, les Gruen étaient sensibles aux idées modernisatrices et furent d'ardents soutiens des Amants de Sion, un mouvement né dans les années 1880, au sein de l'Empire tsariste, pour encourager la présence juive en Palestine. Ils développèrent chez le jeune David le goût de l'étude de la Bible et de la langue hébraïque, ce qui ne fut pas sans incidence sur une vocation sioniste très précoce. À quatorze ans, il fonde d'ailleurs l'association Ezra vouée à la diffusion de l'hébreu, la « langue du retour à Sion », par opposition au yiddish, « langue de l'exil », qui était alors utilisée par les Juifs d'Europe orientale. Installé à Varsovie en 1904, pour tenter d'intégrer une école d'ingénieur, il découvre le Parti Poalei Tzion (Ouvriers de Sion), imprégné de marxisme et de nationalisme juif. Il en devient vite un orateur remarqué. Il est aussi témoin de l'atmosphère révolutionnaire de 1905 mais considère que si les Juifs ont une révolution à accomplir, elle doit être nationale : ils doivent refonder une nation sur la terre de leurs ancêtres. En août 1906, il part vers la Palestine pour s'atteler à cette tâche.

Il découvre un pays très différent de ce qu'il imaginait. Il est peuplé par 650 000 Arabes qui cohabitent avec 55 000 Juifs dont la majorité, fidèle au judaïsme traditionnel, est hostile au sionisme. Seuls cinq cents ouvriers agricoles, animés par l'idéologie du « retour à la terre », s'activent, en particulier en Galilée, avec l'espoir fou de jeter les bases d'une société juive égalitaire et nationale. Ben Gourion les rejoint, mais cultiver la terre ne l'enthousiasme guère. Sa vraie passion, c'est la politique. Il participe à la fondation du Poalei Tzion palestinien, puis rejoint Jérusalem où il dirige avec Yitzhak Ben Zvi, le futur second président de l'État d'Israël, le journal du parti. Il opte pour un nouveau patronyme, Ben Gourion, en hommage au défenseur de Jérusalem qui s'était dressé contre les légions romaines en 70. La révolution jeune turque ayant laissé entrevoir la[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique, directeur de recherche CNRS, CERI-Sciences Po

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Médias

David Ben Gourion, 1948 - crédits : Keystone/ Getty Images

David Ben Gourion, 1948

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