ELAZAR DAVID (1925-1976)
David Elazar, chef d'état-major de l'armée israélienne, était originaire de Yougoslavie comme son prédécesseur et ami d'enfance le général Bar Lev. Né à Sarajevo dans une famille dont les ancêtres venaient d'Espagne, il partit à l'âge de quinze ans pour vivre en Palestine dans un kibboutz du mouvement Hashomer Hatzaïr, d'imprégnation marxiste.
En 1946, n'obtenant pas de son kibboutz l'autorisation de s'engager dans les corps francs d'avant-garde du Palmach, il le quitta pour se consacrer totalement à la vie militaire, dont il allait gravir tous les échelons. Lors de la guerre d'indépendance de 1948, il est le plus jeune commandant du Palmach. Il est blessé dans les combats acharnés qui se déroulent à Jérusalem. Après la victoire, il entreprend des études universitaires à Jérusalem et dirige peu après le département de stratégie à l'état-major. Réputé pour sa ténacité, qui lui valut le surnom de « Bouledogue », il devient le spécialiste de l'emploi des blindés face aux méthodes de combat soviétiques auxquelles recourt l'adversaire arabe. En l'absence d'une « profondeur stratégique israélienne », Elazar résumait sa doctrine militaire en prônant la nécessité d'une permanente offensive. C'est ainsi que, général commandant du front nord dans la guerre de Six Jours, il fait capituler l'armée jordanienne en Samarie pour diriger, aussitôt après, l'assaut des hauteurs du Golan contre l'armée syrienne.
Le 1er janvier 1972, il succède à son ami le général Bar Lev comme neuvième chef d'état-major de l'armée israélienne. Investi de la responsabilité militaire suprême pendant la guerre d'Octobre, il subit des revers initiaux, tout en organisant la contre-offensive qui devait aboutir successivement au retrait syrien sur le plateau du Golan et à la traversée du canal de Suez par l'armée israélienne.
Malgré cette victoire, la commission Agranat, dirigée par le président de la Cour suprême en vue d'enquêter sur les « négligences » et le manque de préparation du pays à la veille de l'offensive ennemie, conclut à la responsabilité du général Elazar. Elle rend néanmoins hommage au chef d'état-major qui « après l'effet de surprise des premiers jours réussit des exploits remarquables ». Seul parmi les dirigeants israéliens à être publiquement blâmé par la commission Agranat, le général Elazar donne sa démission de chef d'état-major en 1974 et est nommé directeur de la compagnie de navigation Zim.
Il se reprocha lui-même d'avoir fait entièrement confiance aux rapports des services de renseignement, qui ne lui auraient pas été communiqués en totalité. Quelques heures avant l'attaque égypto-syrienne, il s'était heurté à l'opposition du ministre de la Guerre, le général Dayan, en préconisant à la fois la mobilisation générale de tous les réservistes et une attaque préventive.
Sa mort ne lui laissa pas le temps de rédiger le livre qu'il projetait et qui, d'après ses amis, aurait fait connaître la vérité sur les « négligences » de la guerre.
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Écrit par
- Kurt Henri NIEDERMAIER : professeur, sociologue, directeur du service de documentation du centre de documentation Israël-Moyen-Orient
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