McTAGGART DAVID FRASER (1932-2001)
David McTaggart est né le 23 juin 1932 à Vancouver, en Colombie-Britannique. Ses parents étaient des immigrés d'origine écossaise. Mis à part l'éthique du travail et la forte croyance en la non-violence de sa famille, rien ne pouvait laisser présager du destin de cet aventurier qui aimait avant tout les femmes, fumer et boire, parfois beaucoup. Il quitte l'école à l'âge de dix-sept ans. À vingt et un ans, il crée son entreprise de construction, qu'il dirige pendant vingt ans, d'abord au Canada, puis aux États-Unis. Cette aventure florissante finit tragiquement avec l'explosion d'un chalet qu'il a construit dans une station de sports d'hiver près de San Francisco. L'un de ses employés y perd une jambe. Pour McTaggart, dont la fortune s'évanouit en dommages et intérêts, c'est le choc de sa vie. Il abandonne non seulement le costume cravate, mais aussi femme et enfants, et achète un voilier de 12,6 mètres, le Vega, pour naviguer à travers le Pacifique. Trois ans plus tard, en 1972, il répond à une annonce demandant des volontaires pour naviguer vers Mururoa, en protestation des essais nucléaires alors atmosphériques que la France faisait sur ce petit atoll du Pacifique. L'annonce est signée par „Don't Make a Wave“, un petit groupe constitué un an plus tôt pour protester contre les essais nucléaires américains, qui sera plus tard rebaptisé Greenpeace. Ce qui initialement agace David McTaggart plus encore que la question des essais nucléaires, c'est la décision unilatérale du gouvernement français d'interdire une partie de l'océan Pacifique à la navigation. Il se rend dans la zone concernée et réussit à retarder une explosion nucléaire en approchant la base de tir de quelques milles. Son petit voilier est finalement éperonné et remorqué par un dragueur de mines de l'armée française.
McTaggart retourne dans la zone un an après. Cette fois les commandos français arraisonnent son voilier et un passage à tabac musclé manque de lui faire perdre l'usage d'un œil. Les Français tentent d'étouffer l'incident, mais une pellicule photo cachée par une coéquipière échappe à leur vigilance, ce qui donne à l'affaire un retentissement international. La justice française, saisie par McTaggart, lui donne partiellement raison et condamne le gouvernement français a lui verser des dommages et intérêts. En 1974, la France remplace ses essais nucléaires atmosphériques par des explosions souterraines. À plusieurs reprises, David McTaggart retournera sur place pour s'opposer aux essais français, parfois accompagné d'autres personnalités, comme Brice Lalonde.
À l'âge de quarante-cinq ans, il décide de créer Greenpeace en Europe. Il commence à „prospecter“ les militants des Amis de la Terre en 1977 et y trouve, en France et en Grande-Bretagne, des volontaires pour organiser une expédition contre la chasse baleinière commerciale pratiquée en Atlantique nord-est par les Islandais et les Espagnols. Un vieux rafiot est acquis et rafistolé, puis baptisé Rainbow Warrior. Dès 1979, McTaggart peut constituer une organisation internationale qui va ensuite se développer dans une trentaine de pays et qu'il préside jusqu'en 1991. Sa vision, son sens de l'organisation, sa stratégie internationale et sa détermination, vont offrir à Greenpeace de grandes victoires : en 1982, moratoire mondial sur la chasse baleinière commerciale – toujours en vigueur aujourd'hui –, en 1989, constitution de l'Antarctique en sanctuaire mondial où l'exploitation minière et pétrolière est interdite. Leurs adversaires sont souvent déstabilisés par les méthodes de ces combattants de la paix, et le faux pas le plus spectaculaire est l'attentat qui fait sombrer le Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande le 10 juillet[...]
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Écrit par
- Katia KANAS : journaliste
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