Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

STRAUSS DAVID FRIEDRICH (1808-1874)

Strauss et la théologie

De Nietzsche à Barth en passant par A. Schweitzer, les critiques s'accordent pour noter le manque de créativité de Strauss, le traitant d'esprit sans horizon et sans profondeur. L'échec de son projet est patent ; Strauss n'est pas doué pour systématiser ses intuitions. Il n'a jamais su dépasser ses analyses négatives pour élaborer la synthèse cohérente qu'il se promettait de tracer.

Néanmoins Strauss tient une place importante dans l'histoire de la théologie. Les éléments mythiques, qui ont détourné Strauss de la foi, exigent une interprétation. Les solutions des exégètes à ce sujet sont variées et multiples. Entre le Jésus de l'histoire et le Christ des évangiles, en effet – c'est-à-dire dans le processus de la tradition qui va de Jésus à la rédaction des évangiles –, s'intercale tout un ensemble d'interprétations, d'explications et de stylisations. Les évangiles ne sont pas une biographie, mais des prédications qui appellent à la foi en Jésus, le Christ. Il est malaisé de faire un tri parmi toutes ces images et conceptions du Christ. Strauss continuera de personnifier la mauvaise conscience de toute théologie qui n'a pas su trouver de réponse au problème de l'interprétation des éléments mythiques auxquels les évangiles ont eu recours.

Par ailleurs, et au-delà de la probité intellectuelle des différentes solutions, une question radicale se fait jour : celle du lien entre la foi et la compréhension. Une interprétation qui néglige la tradition ecclésiastique se verra sans cesse reprocher par les Églises de ne pas respecter l'Écriture. Elle sera combattue comme un danger qui menace la foi des fidèles et l'existence de l'Église. Or le théologien, quel que soit son attachement à son Église, ne peut pas, sans plus, opter pour la compréhension ecclésiastique de l'Écriture. S'il le faisait, non seulement il perdrait de vue la fonction critique de la théologie à l'égard de la prédication de l'Église, mais il cesserait de rappeler à celle-ci que la norme ultime n'est ni le comportement de l'Église ni même sa compréhension de l'Écriture, mais bien l'Écriture elle-même.

— Jean-Louis KLEIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • PROTESTANTISME LIBÉRAL

    • Écrit par
    • 633 mots

    Tendance de la théologie protestante qui, née de l'Aufklärung, en poursuit l'œuvre, en Allemagne surtout, dans le domaine de la critique des dogmes et de l'Écriture.

    Le protestantisme libéral, qui a bien des points en commun avec le libéralisme culturel, politique et économique,...