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GROSSMAN DAVID (1954- )

Écrivain israélien, David Grossman est né le 25 janvier 1954 à Jérusalem. Dans son enfance, il participe à des émissions de radio pour enfants sur la chaîne publique Qol Israel (La voix d’Israël) et prête sa voix à des sketches de sa composition. Il fait des études de philosophie et de théâtre à l’université hébraïque de Jérusalem. Dans les années 1970 et 1980, il est producteur, auteur et présentateur d’émissions radiophoniques pour la jeunesse. Ses premières nouvelles paraissent dans des suppléments littéraires journalistiques alors qu’il est encore étudiant. En 1982, il remporte un prix de littérature pour la jeunesse avec son premier roman, Duel à Jérusalem.

Construire et se reconstruire

Un recueil de nouvelles intitulé Courir (1983, inédit en français) constitue son premier ouvrage destiné à un public adulte. Dans leur variété thématique, ces récits se caractérisent déjà par une analyse approfondie des états d’âme extrêmes des personnages, un soin particulier apporté aux sentiments dans toutes leurs nuances, ainsi qu’un intérêt constant pour les rapports intimes entre l’homme et son propre corps et entre les personnages eux-mêmes. Cette même année 1983 paraît le premier roman de David Grossman, Le Sourire de l’agneau. Dans un récit très dense s’entrelacent des vies individuelles et une situation politique où la question des rapports entre l’occupation israélienne et les Arabes de Cisjordanie est centrale. L’un des motifs les plus importants du roman est le lien d’amitié qui unit Ouri, un Israélien bienveillant qui tente de défendre leurs droits, et Hilmi, un vieil Arabe un peu fou qui vit dans un monde de légendes. Grossman tente d’aller au-delà des oppositions nationalistes et de briser la représentation stéréotypée du personnage arabe dans la littérature hébraïque.

Avec Voir ci-dessous : amour (1986), l’écrivain se lance un défi littéraire autrement plus complexe puisqu’il s’agit d’affronter la Shoah. Ce roman a connu un énorme retentissement et a consacré Grossman comme l’écrivain israélien le plus important de sa génération. L’ouvrage est divisé en quatre parties dont chacune est rédigée selon un code poétique différent. La première partie, entre réalisme et grotesque, est rédigée selon le point de vue de Momik, un garçon de neuf ans, dont les parents sont rescapés de la Shoah. Grossman décrit son enfance à Jérusalem dans les années 1950. Momik tente désespérément de déchiffrer les secrets de la Shoah que les adultes, des rescapés brisés par la guerre, tiennent soigneusement cachés. Parmi eux, son grand-oncle, l’écrivain pour la jeunesse Anshel Wasserman. Ce premier récit sert de fondement aux trois autres parties, chacune figurant une expérience littéraire en soi. Dans la deuxième partie, dont Momik (Shlomo Neuman), devenu adulte et écrivain, est le narrateur, le lecteur suit, dans une dimension fantastique, le parcours de l’écrivain juif polonais Bruno Schulz, assassiné en 1942 dans le ghetto de Drohobycz (Galicie orientale). Grossman imagine que Schulz a réussi à plonger dans la mer où il rejoint un banc de saumons, devenant alors l’un des leurs. Le narrateur suit les pérégrinations de Schulz ainsi métamorphosé et son dialogue avec la Mer. La troisième partie relève elle aussi de l’imaginaire absolu. Elle se situe à l’intérieur d’un camp d’extermination en Pologne et se présente comme une parodie des Mille et Une Nuits. Les protagonistes en sont cette fois Anshel Wasserman, le Juif éternel qui refuse de mourir, et le commandant du camp Herr Neigel, envoûté par les histoires qu’Anshel lui raconte chaque soir dans le but de le « contaminer avec de l’humanité ». La dernière partie prend la forme d’une encyclopédie qui relate la vie de Kazik, l’un des personnages des histoires de Wasserman, dont toute l’existence se déroule en vingt-quatre heures. Dans[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités en littérature hébraïque moderne et contemporaine

Classification

Autres références

  • SHOAH LITTÉRATURE DE LA

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    • 12 469 mots
    • 15 médias
    David Grossman est le premier écrivain né en Israël, à présenter l'anéantissement comme un événement qui pétrit l'identité et détermine le destin, non seulement de ceux qui l'ont affronté, mais aussi de ceux qui ne l'ont pas connu. Voir ci-dessous amour fusionne, à travers...
  • ISRAËL

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    • 28 622 mots
    • 29 médias
    ...– enfants de rescapés ou n'ayant vécu la Shoah qu'à travers la mémoire collective de tout un peuple –, se mettent eux aussi à parler de l'indicible : David Grossman (né en 1954) dans Voir ci-dessous Amour, Savyon Liebrecht (née en 1948) dans ses nouvelles, Lea Eini (née en 1962), Amir Guttfreund (1963-2015)...