HOCKNEY DAVID (1937- )
La participation de David Hockney à l'exposition « Young Contemporaries » (Londres, R.B.A. Galeries, 1961) ainsi que ses sources d'inspiration d'alors, puisées dans la vie quotidienne, les graffiti ou encore les dessins d'enfants lui valurent d'être associé au pop art ; une association aussi brève que circonstancielle, le peintre se considérant lui-même à l'« extrême périphérie » de ce mouvement. Il n'en participe pas moins, avec son œuvre où la figure humaine tient une place essentielle, au retour de la peinture figurative qui marque les années 1960, dans un dialogue tendu avec l'équivalence convenue entre abstraction et modernisme.
Naturalisme et artifice
Né en 1937 à Bradford (Yorkshire), après une formation classique à l'école des Beaux-Arts de Bradford et des débuts en peinture marqués par l'influence de la Euston Road School, David Hockney étudie au Royal College of Art de Londres, entre 1959 et 1962, en compagnie de Ron B. Kitaj, Allen Jones, Peter Phillips, Derek Boshier et Patrick Caulfield. Son œuvre connaît alors une brève période abstraite, consécutive à une exposition d'Alan Davie visitée en 1957. Cette phase prend rapidement fin, d'abord avec l'introduction de mots dans l'espace pictural, puis avec les séries des années 1960 des Vegetarian Propaganda Paintings, aujourd'hui disparues, et des Homosexual Propaganda Paintings, enfin au contact des tableaux de Jean Dubuffet et de Francis Bacon.
Hormis d'épisodiques retours à la peinture abstraite de ses débuts, en 1992 par exemple, et le rejet théorique du clivage, qu'il juge proprement occidental, entre abstraction et figuration, Hockney se distingue par des prises de position tranchées, voire polémiques, en faveur de cette dernière tendance sur laquelle l'exposition A New Spirit in Painting (1981, Royal Academy of Arts, Londres) fit le point. En 1977 dans The New Review, il se prononçait ainsi avec Kitaj pour l'importance du sujet en peinture et attaquait, dans un article publié en 1979 dans The Observer, les choix des conservateurs de la Tate Gallery, trop favorables selon lui à l'abstraction. Portraits, natures mortes et paysages, genres éminemment classiques et fondés sur l'observation et la restitution du réel, constituent pour une large part sa production picturale : les piscines peintes à la fin des années 1960 après son installation en Californie (A Bigger Splash, 1967), les portraits doubles et grand format réalisés à partir de 1968 (Christopher Isherwood and Don Bachardy, 1968), représentant des couples choisis parmi ses proches, mis en scène dans leurs intérieurs et témoignant de l'implication dans son œuvre de sa vie privée, en particulier de son homosexualité. Passé le militantisme communautariste de ses débuts, nombre de ses œuvres possèdent en effet une forte dimension autobiographique, qu'il s'agisse d'autoportraits, de portraits d'amis, d'amants et de parents, ou encore d'évocations plus ou moins directes de moments marquants de son existence. Les portraits doubles, recomposés à partir de photographies, illustrent la tension entre naturalisme et artifice qui sous-tend l'ensemble de sa création picturale, fortement inspirée en cela par l'art d'un Picasso pour lequel Hockney s'enthousiasma à partir de la grande exposition visitée huit fois à la Tate en 1960, et de nouveau après la rétrospective de New York en 1980. Il n'a, depuis lors, jamais cessé dans ses œuvres de dialoguer avec lui, comme en témoignent les fragmentations et recompositions de l'espace, ainsi que des œuvres telles qu'Artiste et modèle (1974-1975) mettant directement en scène l'artiste andalou.
Cette tension se nourrit en outre de la fréquentation assidue de l'univers de l'opéra ; en résultent nombre de travaux pour la[...]
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Écrit par
- Guitemie MALDONADO : professeur à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris
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