Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HUME DAVID (1711-1776)

David Hume - crédits : AKG-images

David Hume

La philosophie de Hume est avant tout critique. En ce sens, elle prend place dans le courant d'idées qui, au xviiie siècle, ruine les systèmes métaphysiques que le xviie siècle avait élaborés, en s'attaquant essentiellement aux deux notions qui en constituaient les fondements : la notion de substance et la notion de cause. Après la critique de l'innéisme cartésien par Locke et celle de la substance matérielle par Berkeley, la critique de Hume porte essentiellement sur la substance spirituelle et la causalité.

Mais on peut aussi considérer Hume comme le fondateur de la philosophie moderne, le précurseur du kantisme et de la phénoménologie. Avec lui, le problème central de la philosophie semble changer. Il n'est plus celui de l'Être, mais celui du savoir humain. Il devient : « Qu'est-ce que connaître ? » et « Comment connaissons-nous ? » Le sujet n'est plus considéré, comme il l'était encore chez Berkeley, comme un sujet-substance, mais bien comme le sujet de la connaissance elle-même.

Le philosophe de l'empirisme

David Hume est né à Édimbourg. Ayant perdu son père à l'âge de trois ans, il est d'abord élevé par son oncle, pasteur du village de Chirnside. Puis, à onze ans, il entre au collège d'Édimbourg. Il y reçoit une culture essentiellement littéraire : pourtant, il a comme professeur de physique Robert Stewart, disciple de Newton. Sorti du collège, Hume s'occupe de droit et de commerce ; mais il y consacre peu de temps et, passionné de littérature et de philosophie, il lit beaucoup et remplit un cahier de ses observations personnelles. En 1734, il part pour la France, et c'est à La Flèche qu'il rédige son Traité de la nature humaine. En 1737, il revient à Londres.

Publié en 1739 et en 1740, le Traité de la nature humaine n'a pas grand succès. Très épris de gloire littéraire, Hume décide alors d'écrire des ouvrages plus courts : en 1741, ses Essais moraux et politiques lui assurent la notoriété. En 1746, il devient le secrétaire du général de Saint-Clair et l'accompagne à Vienne et à Turin : c'est pendant cette mission que paraissent les Essais philosophiques sur l'entendement humain (1748), plus connus sous le titre d'Enquête sur l'entendement humain. En 1751, Hume publie l'Enquête sur les principes de la morale, en 1752 les Discours politiques. Sa célébrité augmente, mais sa candidature à la chaire de philosophie morale de l'université de Glasgow est deux fois repoussée.

Hume devient alors bibliothécaire de l'ordre des avocats d'Édimbourg. Il travaille à l'Histoire de la Grande-Bretagne, dont le premier volume paraît en 1754, le second en 1757, en même temps que quatre dissertations (Histoire naturelle de la religion, Dissertation sur les passions, Dissertation sur la tragédie, Dissertation sur le critère du goût). En 1758 et 1762 sont édités deux nouveaux volumes de l'Histoire de la Grande-Bretagne.

De 1763 à 1766, Hume, devenu secrétaire de lord Hartford, ambassadeur d'Angleterre en France, vit à Paris. Il fréquente les salons de Mme du Deffand, de Mme Geoffrin, de Mlle de Lespinasse, de la comtesse de Boufflers, et y obtient les plus grands succès. Il connaît d'Alembert, Buffon, Diderot, d'Holbach, Helvétius. Il ramène Rousseau en Angleterre, mais se fâche très vite avec lui. En 1767, Hume est sous-secrétaire d'État à Londres. En 1769, il revient à Édimbourg.

En Écosse, Hume retrouve ses amis et reprend sa vie studieuse. Mais, gravement malade depuis mars 1775, il meurt le 25 août de l'année suivante. Ses dernières œuvres (La Vie de David Hume écrite par lui-même, Deux essais sur le suicide et l'immortalité, et les Dialogues sur la religion naturelle) ne seront publiées qu'après sa mort.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques)

Classification

Média

David Hume - crédits : AKG-images

David Hume

Autres références

  • ENQUÊTE SUR L'ENTENDEMENT HUMAIN, David Hume - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 806 mots
    • 1 média

    D'abord intitulée Essais philosophiques sur l'entendement humain, l'Enquête sur l'entendement humain (1748) se veut une reprise corrigée et rendue plus accessible de la première partie du volumineux Traité de la nature humaine paru en 1739-1740. « Newton du monde moral » (Kant),...

  • ART (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 282 mots
    ... L’individu-artiste a précédé l’individu-spectateur, auquel la philosophie ne s’intéressera qu’à partir du xviiie siècle. Il appartiendra à David Hume (1711-1776) de se pencher le premier sur la difficile question du goût. S’interrogeant sur les raisons qui nous amènent à juger belle une...
  • CAUSALITÉ

    • Écrit par , et
    • 12 987 mots
    • 3 médias
    ...social, sont sans doute liées au discrédit philosophique de la causalité qui a suivi le développement des sciences de la nature. Les démonstrations de Hume ne sont pas compréhensibles sans référence au développement de ces sciences et aux hésitations de la plupart des physiciens, de Galilée à Newton,...
  • CHANGE - Les théories du change

    • Écrit par
    • 9 106 mots
    • 1 média
    La théorie selon laquelle le taux de change devrait assurer la parité des pouvoirs d'achats (P.P.A.) a des racines qui remontent loin dans le temps. En effet, l'idée selon laquelle il y a un lien entre la valeur relative de deux monnaies et leurs pouvoirs d'achats relatifs se trouve déjà dans...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Avantages comparatifs

    • Écrit par
    • 5 804 mots
    En s'appuyant sur l'analyse de David Hume (1711-1776), qui décrit en 1752 (Political Discourses) un mécanisme d'ajustement automatique des balances des échanges internationaux, Adam Smith (1723-1790) investit le champ de l'économie internationale et développe dans La Richesse des nations...
  • Afficher les 29 références