DAVOUT LOUIS NICOLAS D'AVOUST ou (1770-1823) maréchal d'Empire (1804) duc d'Auerstaedt (1806) prince d'Eckmühl (1809)
Issu d'une famille noble de Bourgogne, sous-lieutenant de cavalerie en 1788, Davout montre bien par son exemple qu'il ne faut pas confondre les nobles en tant que classe sociale et les aristocrates en tant que parti politique opposé aux patriotes. Ardent patriote justement, le jeune Davout est mis aux arrêts à la suite d'un toast révolutionnaire, puis emprisonné en raison d'une mutinerie de son régiment. Il donne alors sa démission, est élu lieutenant-colonel en premier d'un bataillon de volontaires de l'Yonne et sert à l'armée du Nord. Quand Dumouriez veut entraîner son armée à marcher contre Paris, c'est Davout qui fait ouvrir le feu sur lui et l'oblige à fuir chez les Autrichiens. Il sert en Vendée comme général de brigade, puis à l'armée de Rhin-et-Moselle ; c'est lui qui met la main sur la correspondance de Pichegru avec les royalistes et la communique aussitôt à Moreau, lequel préfère la tenir secrète. Desaix, qui le tient en grande amitié et estime, le recommande spécialement à Bonaparte, l'emmène avec lui en Égypte puis en Europe pour la journée de Marengo. L'amitié de Desaix mort continue à le recommander auprès du Premier consul ; en 1804, il est le plus jeune et sans doute le moins illustre des maréchaux promus ; jamais choix n'aura été plus heureux, car il sera le seul lieutenant de Napoléon à ne jamais connaître le moindre échec. À Austerlitz, tout le plan de Napoléon pivote sur son dispositif ; à Auerstaedt, il détruit la moitié de l'armée prussienne avec ses trois seules divisions ; à Eylau, sa résistance et sa contre-offensive empêchent le désastre qui menaçait ; il décide par ses manœuvres du succès de la campagne d'Eckmühl ; à Wagram, il commande victorieusement l'aile droite. De 1809 à 1812, commandant en chef l'armée d'Allemagne, il sert pratiquement de vice-roi à Napoléon outre-Rhin et s'y conduit de façon à être surnommé par les Hambourgeois der Jakobiner Eckmühl. En Russie, après avoir été vainqueur à Mohilev et avoir contribué à la victoire de la Moskova, il est le seul à garder son corps dans un ordre parfait pendant la retraite.
Tant de preuves d'un talent stratégique et tactique exceptionnel ne suffisent pourtant pas à faire vraiment de Davout le préféré de l'Empereur. Davout, « paternel au dernier point pour les soldats » (l'aveu se trouve sous la plume d'un de ses détracteurs), est détesté de ses subordonnés immédiats, tant il est strict sur la discipline. Et, au faîte des honneurs, il soigne mal son image de marque : intègre, gauche, bourru, brutalement franc. Napoléon l'estime, mais préfère le tenir éloigné de lui ; est-ce pour cela qu'en 1813 il immobilise Davout à défendre coûte que coûte Hambourg, mais garde sous sa main pour les plus durs combats de son règne tant de lieutenants de bien moindre valeur ? Du moins Davout ne rendra la place que le 27 mai 1814, près de deux mois après la chute de Paris, après avoir fait tirer sur le drapeau blanc d'un premier envoyé du roi restauré.
Louis XVIII lui avait interdit le séjour à Paris ; Davout y accourt dès le 20 mars 1815 pour saluer Napoléon qui le nomme ministre de la Guerre. Il se surpasse en reconstituant l'armée en un temps que la situation rend sinistrement court, puis il demande en vain de quitter son ministère pour aller combattre en Belgique (où il aurait pourtant mieux commandé que Grouchy ou que Ney). Après Waterloo, il assume la triste tâche de signer sur ordre la convention de reddition de Paris, reforme à toute éventualité une armée de la Loire avec les troupes encore disponibles, puis se retire sur ses terres après la fin des hostilités. Au procès de Ney, il tiendra à témoigner pour la défense ; Louis XVIII l'en châtiera en l'envoyant sous la surveillance de la police à Louviers et en le privant[...]
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Écrit par
- Jean MASSIN : écrivain
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ARMÉE - Typologie historique
- Écrit par Paul DEVAUTOUR et Encyclopædia Universalis
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À titre d'exemple, le corps d'armée du maréchal Davout, de 1803 jusqu'au cours de la campagne de 1806, présente les trois divisions Morand, Friand et Gudin, avec, chacune, deux brigades de deux régiments d'infanterie (la division Morand étant renforcée d'un régiment supplémentaire), et huit ou dix...