- 1. Reprendre pied en France : un défi
- 2. Tiraillements stratégiques
- 3. Le choix de la Normandie
- 4. Une planification minutieuse
- 5. La stratégie allemande
- 6. Trois années de guerre des nerfs
- 7. Le 6 juin
- 8. Course de vitesse et bombardements massifs
- 9. La bataille de Normandie
- 10. Mémoire, tourisme et commémorations
- 11. Bibliographie
DÉBARQUEMENT ET BATAILLE DE NORMANDIE
Ouvrant la campagne de libération du nord-ouest de l’Europe, le débarquement anglo-américain en Normandie le 6 juin 1944 fut une opération militaire majeure de la Seconde Guerre mondiale. Elle n’a toutefois pas décidé de l’issue du conflit, qui s’est surtout jouée sur le front de l’Est. Les propagandes des belligérants pendant le conflit, puis les productions hollywoodiennes à partir des années 1960 forgèrent largement la mémoire sociale de cet événement, érigé au rang d’épopée. Les commémorations du 6-Juin, qui réunissent un nombre sans cesse croissant de chefs d’État depuis 1984, ont également contribué à cette consécration mémorielle.
Reprendre pied en France : un défi
Grande puissance militaire, la France se révéla incapable de contenir la politique agressive et expansionniste de l’Allemagne nazie dans les années 1930. Ayant déclaré la guerre à cette dernière à la suite de l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, elle fut battue au terme d’une campagne de six semaines au printemps de 1940, laissant le Royaume-Uni poursuivre seul le combat. Si Winston Churchill, Premier ministre britannique, envisagea très tôt de reprendre pied sur le continent, cette perspective ne devint réalisable qu’après l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941 (déclaration de guerre de l’Allemagne aux États-Unis, à la suite de l’attaque japonaise contre Pearl Harbor).
Pour autant, plus de deux années furent nécessaires avant de lancer l’opération, qui s’apparentait à un défi immense. Débarquer sur un rivage solidement tenu par l’ennemi exige des moyens considérables et une logistique sans faille. Surtout, elle exige la maîtrise des mers et des airs pour sécuriser les lignes de communication permettant la projection des forces. Il fallut donc du temps pour mobiliser pleinement la puissance industrielle américaine, mais aussi pour écarter la menace sous-marine allemande (bataille de l’Atlantique) afin de pouvoir faire traverser les effectifs nécessaires pour former un corps expéditionnaire chargé de débarquer en France (opération Bolero).
En dépit des débarquements réussis en Méditerranée et dans le Pacifique, ce type d’opération demeurait donc une gageure aux yeux des stratèges alliés, hantés par l’échec dans les Dardanelles en 1915 et, peu auparavant, par celui du raid mené contre le port de Dieppe le 19 août 1942 (plus de 3 000 soldats alliés perdus, dont un tiers tués).
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Écrit par
- Jean-Luc LELEU : historien au CNRS, Maison de la recherche en sciences humaines, université de Caen-Normandie
Classification
Médias