- 1. Reprendre pied en France : un défi
- 2. Tiraillements stratégiques
- 3. Le choix de la Normandie
- 4. Une planification minutieuse
- 5. La stratégie allemande
- 6. Trois années de guerre des nerfs
- 7. Le 6 juin
- 8. Course de vitesse et bombardements massifs
- 9. La bataille de Normandie
- 10. Mémoire, tourisme et commémorations
- 11. Bibliographie
DÉBARQUEMENT ET BATAILLE DE NORMANDIE
La stratégie allemande
La perspective d’une offensive sur les côtes occidentales de l’Europe préoccupa sérieusement les dirigeants allemands à partir de 1942. En août de cette même année, Hitler ordonna la fortification du littoral. Sa réalisation fut confiée à l’organisation Todt, organisation paramilitaire en charge des constructions du génie civil et militaire dans l’Allemagne nazie. Encore inachevé en juin 1944 – environ 10 000 casemates bétonnées construites sur 15 000 prévues, auxquelles s’ajoutaient 8 000 fortifications de campagne –, le projet mobilisa plus de 450 000 travailleurs (dont 290 000 en France) et nécessita 11 millions de tonnes de béton et 1 million de tonnes de métaux. Des « nids de résistance » échelonnés le long du littoral défendaient le rivage. Positionnées plus ou moins en retrait, des batteries d’artillerie côtières avaient pour mission de tenir les bâtiments alliés à distance. Les plus puissantes et les plus modernes étaient implantées le long du pas de Calais, au voisinage des grands ports, ainsi que sur les îles Anglo-Normandes. Mais l’armement du « mur de l’Atlantique » se composait à 85 % de canons de prise et ne disposait guère de moyens efficaces pour la conduite de tirs au large.
Depuis mars 1942, le commandant du théâtre d’opérations (Oberbefehlshaber West)étaitle maréchal Gerd von Rundstedt. À l’inverse des Anglo-Américains, il ne disposait pas d’un état-major interarmées, privé ainsi d’une coordination efficace. Au demeurant, les forces navales et aériennes allemandes étaient en nette infériorité face aux Anglo-Américains, de sorte que le poids de la défense incombait largement aux forces terrestres.
L’arrivée d’Erwin Rommel en novembre 1943, d’abord comme inspecteur des défenses puis, à partir de janvier 1944, comme commandant du groupe d’armées B (couvrant la zone jugée la plus menacée, de la Bretagne aux Pays-Bas) contribua à accélérer la mise en défense par divers moyens : obstacles sur les plages, poteaux dans l’arrière-pays pour empêcher l’atterrissage de planeurs (« asperges de Rommel »), inondations de terres basses, enfin minage intensif du littoral avec 6,5 millions d’engins posés à la fin mai 1944.
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Écrit par
- Jean-Luc LELEU : historien au CNRS, Maison de la recherche en sciences humaines, université de Caen-Normandie
Classification
Médias