- 1. Reprendre pied en France : un défi
- 2. Tiraillements stratégiques
- 3. Le choix de la Normandie
- 4. Une planification minutieuse
- 5. La stratégie allemande
- 6. Trois années de guerre des nerfs
- 7. Le 6 juin
- 8. Course de vitesse et bombardements massifs
- 9. La bataille de Normandie
- 10. Mémoire, tourisme et commémorations
- 11. Bibliographie
DÉBARQUEMENT ET BATAILLE DE NORMANDIE
Trois années de guerre des nerfs
Aucune autre bataille ne fut aussi longuement anticipée et discutée que le Débarquement. Dès l’automne 1940, Hitler lançait publiquement le défi aux Britanniques de pouvoir reprendre pied sur le continent, comme le suggérait Churchill. Appelée de leurs vœux par les Soviétiques après l’invasion de l’URSS, la question fut largement débattue dans la presse internationale, et régulièrement relancée en fonction de la situation sur le front de l’Est ou des raids des commandos alliés. En déclarant, à l’occasion de son discours du Nouvel An de 1944, que le Débarquement déciderait du sort de la guerre, Hitler accrut encore les attentes. Les médias spéculèrent sans fin sur la date et le lieu de l’offensive alliée, mettant sous pression les populations des deux camps et celles des territoires occupés. Cette guerre des nerfs contribua ainsi largement à exagérer l’importance et les enjeux de cette opération.
Chacun des deux camps tenta d’abuser l’autre. Pour dissuader puis retarder l’assaut allié, la propagande nazie exagéra ses défenses, désignées sous le vocable trompeur de « mur de l’Atlantique ». Côté allié, plusieurs opérations d’intoxication furent montées par les Britanniques en 1943 pour tenir en haleine les défenseurs et, en 1944, pour faire croire à un assaut en Norvège (Fortitude Nord) ou dans le détroit du pas de Calais (Fortitude Sud) La présence d’une armée fut ainsi simulée, dans le sud-est de l’Angleterre, avec des matériels factices et un faux trafic radio.
Incapable de percer à jour les intentions alliées, le commandement allemand parvint néanmoins à circonscrire par déduction la zone d’assaut probable au secteur de la Manche : une zone certes encore étendue, mais à rapporter à l’immensité des côtes à défendre, de la Scandinavie aux Balkans. Le moment le prit en revanche au dépourvu, l’attaque survenant en juin par un temps maussade, alors qu’elle avait été attendue aux beaux jours de mai.
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Écrit par
- Jean-Luc LELEU : historien au CNRS, Maison de la recherche en sciences humaines, université de Caen-Normandie
Classification
Médias