- 1. Reprendre pied en France : un défi
- 2. Tiraillements stratégiques
- 3. Le choix de la Normandie
- 4. Une planification minutieuse
- 5. La stratégie allemande
- 6. Trois années de guerre des nerfs
- 7. Le 6 juin
- 8. Course de vitesse et bombardements massifs
- 9. La bataille de Normandie
- 10. Mémoire, tourisme et commémorations
- 11. Bibliographie
DÉBARQUEMENT ET BATAILLE DE NORMANDIE
Le 6 juin
L’opération Neptune (la phase initiale d’Overlord) consista à projeter à travers la Manche une première vague d’une demi-douzaine de divisions sur cinq zones d’assaut avec, d’ouest en est, deux secteurs américains (codés Utah et Omaha), puis les secteurs Gold (britannique), Juno (canadien) et Sword (britannique). Trois divisions aéroportées furent préalablement déposées sous le couvert de l’obscurité pour sécuriser les flancs de la tête de pont.
Les moyens engagés furent colossaux, à commencer par les avions de combat (6 340 chasseurs et bombardiers de tous types). En intégrant les avions de transport, 11 000 sorties furent assurées le jour J. La flotte alliée était à l’avenant avec 1 200 bâtiments de guerre et 5 700 navires de transport, dont 4 266 barges de débarquement.
Quoique dispersées à l’atterrissage, les troupes aéroportées remplirent leurs principaux objectifs. Sur le flanc ouest, les parachutistes américains sécurisèrent les sorties de plage derrière Utah et s’emparèrent de Sainte-Mère-Église et des passages sur le Merderet à l’ouest du bourg. À l’est, les Britanniques saisirent les ponts sur l’Orne et sur le canal de Caen à la mer (Pegasus Bridge), détruisirent les ponts sur la Dives pour gêner l’arrivée des renforts allemands, neutralisèrent la batterie de Merville, puis sécurisèrent le flanc des troupes débarquées à Sword. Les débarquements furent précédés par des bombardements aériens et navals massifs sur les défenses allemandes. La plupart des batteries côtières, surclassées en nombre et en portée de tir, furent neutralisées. En raison des conditions locales de marée, les premières vagues d’assaut touchèrent terre à 6 h 30 à Utah et Omaha, à partir de 7 h 25 sur Gold, Juno et Sword. L’opposition allemande fut très variable d’un secteur à l’autre. À Utah, les faibles défenses furent rapidement submergées au prix de 300 tués, blessés et disparus. Tout autre fut la situation à Omaha avec 4 700 pertes, les bombardements préliminaires y ayant été inefficaces, laissant intactes les défenses installées au sommet des escarpements dominant la plage. Mis à l’eau trop loin des côtes, la plupart des blindés amphibies prévus en soutien coulèrent. Aussi les premières vagues furent décimées et la lutte demeura incertaine jusqu’en milieu de journée. Dans le même secteur, les rangers parvinrent à escalader les falaises de la pointe du Hoc pour constater que les canons qu’ils devaient neutraliser avaient été retirés de leurs emplacements.
La situation fut également difficile pour les Canadiens à Juno, en raison notamment des récifs qui provoquèrent des pertes parmi les barges de débarquement, mais aussi des positions de défense insérées dans les communes littorales qu’il fallut réduire de haute lutte. Sur Gold et Sword, les troupes britanniques parvinrent à progresser assez rapidement grâce à l’appui de blindés spéciaux. Elles ne réussirent cependant pas à s’emparer de Bayeux et de Caen, leurs objectifs respectifs. Si la première fut libérée dès le lendemain, le déploiement des renforts allemands bloqua la progression au nord de Caen, et ce jusqu’à la libération de la rive gauche de la cité le 9 juillet.
Pour autant, le Débarquement fut un succès : quelque 156 000 soldats alliés prirent pied en Normandie le 6 juin. Les pertes furent sensibles (environ 12 000 tués, blessés et disparus), mais inférieures de moitié aux prévisions.
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Écrit par
- Jean-Luc LELEU : historien au CNRS, Maison de la recherche en sciences humaines, université de Caen-Normandie
Classification
Médias