- 1. Reprendre pied en France : un défi
- 2. Tiraillements stratégiques
- 3. Le choix de la Normandie
- 4. Une planification minutieuse
- 5. La stratégie allemande
- 6. Trois années de guerre des nerfs
- 7. Le 6 juin
- 8. Course de vitesse et bombardements massifs
- 9. La bataille de Normandie
- 10. Mémoire, tourisme et commémorations
- 11. Bibliographie
DÉBARQUEMENT ET BATAILLE DE NORMANDIE
Course de vitesse et bombardements massifs
Pour se maintenir sur le continent, les Anglo-Américains devaient se renforcer plus rapidement que leurs adversaires. Ils remportèrent cette course de vitesse en déployant leur impressionnante logistique. Les deux ports en eau profonde de Normandie, Cherbourg et le Havre, se trouvant loin des plages du débarquement, deux ports artificiels furent établis à Omaha et Arromanches (Mulberry A et B). Ceux-ci furent gravement endommagés lors d’une tempête les 19-22 juin, au point de rendre celui d’Omaha inutilisable. En réalité, la majeure partie des troupes, des véhicules et de l’approvisionnement transita par les plages, soit par transbordement, soit par échouage des landing ships tank (LST) sur les plages à marée basse, les bâtiments déchargés se dégageant à marée haute.
Parallèlement, les stratèges alliés tentèrent de freiner l’arrivée des renforts et des approvisionnements allemands, s’appuyant sur la Résistance pour mener des actions de sabotage sur les voies de communication (attentats à l’explosif, mines, crève-pneus, etc.). Surtout, ils engagèrent massivement leur aviation. Lancé dès mars 1944, le « plan Transport » (Transportation Plan) visa prioritairement les infrastructures ferroviaires en Belgique et en France et les ponts routiers sur les fleuves importants. À la fin de mai 1944, tous les ponts sur la Seine en aval de Maisons-Laffitte étaient détruits ou inutilisables. Au regard de l’imprécision notoire des bombardiers, le prix à payer fut lourd pour les villes et les populations au voisinage des cibles (plus d’un millier de morts dans l’agglomération de Rouen au printemps 1944).
À partir du jour J, le commandement allié décida également de bombarder les villes normandes qui étaient des nœuds routiers : en obstruant les rues, les ruines des bâtiments devaient empêcher le passage des convois allemands. Une douzaine de villes furent ainsi attaquées dès le 6 juin (dont Caen, Saint-Lô, Lisieux), provoquant la mort de quelque 2 200 civils. Les bombardements se poursuivirent durant le mois, certaines communes étant littéralement rayées de la carte, à l’image d’Aunay-sur-Odon. Sur les quelque 14 000 civils tués en Basse-Normandie lors des combats de la libération, 60 % le seront par les bombes alliées.
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Écrit par
- Jean-Luc LELEU : historien au CNRS, Maison de la recherche en sciences humaines, université de Caen-Normandie
Classification
Médias