- 1. Reprendre pied en France : un défi
- 2. Tiraillements stratégiques
- 3. Le choix de la Normandie
- 4. Une planification minutieuse
- 5. La stratégie allemande
- 6. Trois années de guerre des nerfs
- 7. Le 6 juin
- 8. Course de vitesse et bombardements massifs
- 9. La bataille de Normandie
- 10. Mémoire, tourisme et commémorations
- 11. Bibliographie
DÉBARQUEMENT ET BATAILLE DE NORMANDIE
La bataille de Normandie
Schématiquement, la bataille de Normandie se décomposa en quatre phases. La première consista à relier entre elles les forces débarquées sur les cinq plages afin de constituer une tête de pont continue – chose faite le 12 juin avec la prise de Carentan, à mi-chemin entre Utah et Omaha.
La prise de Cherbourg les 25-27 juin marqua la seconde étape. Les Alliés disposaient désormais d’un port de grande capacité. En dépit des destructions et des mines, les infrastructures portuaires furent rapidement remises en état et, dès le 16 juillet, les premiers navires entraient dans la rade.
La troisième phase fut marquée jusqu’à la fin de juillet par un long piétinement des forces alliées face à une défense allemande opiniâtre qui exploita efficacement les particularités du terrain (hauteurs, marais, bocage). Les combats furent meurtriers de part et d’autre, notamment dans ce qui fut qualifié de « guerre des haies ». Prélude à l’opération Cobra, un bombardement massif à l’ouest de Saint-Lô, le 25 juillet, permit finalement d’ouvrir une brèche dans le front allemand, dans laquelle les divisions blindées américaines s’engouffrèrent.
Ce succès marqua le début de la quatrième phase, celle de la guerre de mouvement. Les colonnes motorisées américaines progressèrent rapidement, atteignant Avranches le 30 juillet avant de se répandre en éventail vers la Bretagne et à l’intérieur du pays. Une contre-offensive allemande lancée vers Mortain dans la nuit du 6 au 7 août échoua à endiguer la brèche. Alors que les forces britanniques et canadiennes continuaient de fixer les défenseurs au nord, un mouvement tournant par le sud vers Le Mans et Alençon permit aux forces états-uniennes d’encercler les reliquats de deux armées allemandes dans la poche d’Argentan-Falaise le 19 août. Un manque de coordination au sein du commandement allié conduisit toutefois à une dispersion des efforts et à un certain flottement, empêchant les Anglo-Américains de mener leur action efficacement : une partie importante des troupes allemandes évitèrent ainsi la destruction ou la capture en se repliant avant leur complet encerclement. Leurs pertes n’en furent pas moins sévères (environ 3 000 tués et 30 000 prisonniers du 18 au 21 août). Les rescapés poursuivirent leur retraite, franchissant la Seine à la fin du mois d’août sans que les forces alliées ne parviennent à les en empêcher.
Signant une victoire nette mais incomplète des forces anglo-américaines sur la Wehrmacht, la bataille de Normandie fut, de part et d’autre, meurtrière : environ 230 000 soldats mis hors de combat côté allié, 490 000 côté allemand (dont 230 000 prisonniers capturés du jour J à la fin août). Ce revers de la Wehrmacht, combiné au débarquement en Provence le 15 août, donna le signal du repli général des forces allemandes qui évacuèrent rapidement la France et la Belgique : Paris fut libérée le 25 août, Bruxelles le 3 septembre. Mêmes défaites, les forces allemandes purent néanmoins se replier et reconstituer une nouvelle ligne de défense des Pays-Bas à la frontière suisse. En dépit des succès enregistrés parallèlement par l’Armée rouge sur le front de l’Est à l’été de 1944 (opération Bagration), huit mois de combats furent encore nécessaires à la coalition alliée pour abattre le « IIIe Reich ».
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Écrit par
- Jean-Luc LELEU : historien au CNRS, Maison de la recherche en sciences humaines, université de Caen-Normandie
Classification
Médias