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DÉBAT, genre littéraire

Le terme générique « débat » correspond à une série de genres poétiques dialogués que les trouvères et les troubadours cultivaient depuis le début du xiie siècle : d'abord en latin, sous le nom de disputatio, puis en langue vulgaire ; il est appelé tenson ou jocpartit en langue d'oc, parture ou jeu-parti en langue d'oïl. Le répertoire des questions débattues est relativement restreint, car il ne s'agit pas d'apporter la solution à un problème, mais de susciter une joute verbale au cours de laquelle les lutteurs se mesurent à armes rhétoriques égales (de sorte qu'il n'y a pas de vainqueur ni même de véritable jugement). Que le débat soit didactique ou parodique ou qu'il relève de la casuistique courtoise, la fonction ludique l'emporte toujours sur la recherche de vérité. La dispute des personnages allégoriques ou typiques alimente le théâtre : Le Débat de l'âme et du corps — Visio sancti Philiberti, dans sa version latine — peut être représenté comme moralité ; la Farce des malcontentes met en scène trois « orateurs » : une jeune fille, une femme mariée et une veuve, à qui souffre le mieux... La souffrance est le thème de prédilection des jeux-partis créés pour les cours d'amour (réelles ou fictives) : l'une des nombreuses partures d'Adam de la Halle porte sur la question de savoir qui souffre davantage, de l'amoureux actif ou du contemplatif ; Thomas introduit une discussion dans la version courtoise de Tristan pour trouver lequel des protagonistes est le plus malheureux. Le débat s'intègre aisément, comme morceau de bravoure, dans des genres plus amples (cf. Le Chainse) et tend à devenir un simple « type-cadre [à fonction] purement textuelle » (Zumthor), même si un Rutebeuf ou un Villon parviennent à rendre vie à la forme en s'interdisant toute réponse qui ne soit qu'aléatoire dans la Disputaison du croisé et du descroisé et dans Le Débat du cœur et du corps de Villon.

— Véronique KLAUBER

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