- 1. Origine et nature des débris orbitaux
- 2. Détection des débris spatiaux et catalogage
- 3. Les risques liés à l’existence des débris spatiaux
- 4. Les paramètres influençant l’évolution de la pollution orbitale
- 5. Les solutions possibles contre la menace des débris spatiaux
- 6. Vers une utilisation pérenne de l’espace à long terme
- 7. Bibliographie
DÉBRIS SPATIAUX
Depuis 1957, début de l’exploitation spatiale, de nombreux objets s’accumulent dans l’espace. En orbite autour de la Terre, cette population d’objets, dite population orbitale, s’accroît d’année en année. Quelque 18 000 gros objets sont recensés à ce jour. Parmi eux, seuls 6 p. 100 de ces éléments sont des satellites en activité. Le reste constitue ce que l’on appelle des débris spatiaux, ou débris orbitaux (expression totalement synonyme), c’est-à-dire des objets artificiels en orbite mais ne servant plus à rien.
Ces débris spatiaux constituent une menace pour les populations au sol puisqu'ils retombent, de façon aléatoire, à la surface de la Terre. Ils génèrent également un risque de collision en orbite, pouvant mettre hors d’usage un satellite actif, ou encore produire un plus grand nombre de débris à la suite de ces chocs à forte énergie. L’encombrement à long terme des orbites les plus utiles pourrait venir perturber l’exploitation de l’espace. Un ensemble de règles internationales ont été mises en place pour limiter cette pollution mais elles sont mal respectées, et des scénarios de nettoyage orbital à adopter en dernier recours voient le jour.
Origine et nature des débris orbitaux
Le lancement de la fusée soviétique R-7 Semiorka le 4 octobre 1957, plaçant en orbite Spoutnik, cette petite boule de 84 kilogrammes constituant le premier satellite artificiel, a marqué le début de la conquête spatiale, mais également celui de la pollution de l’espace. En effet, sur la même orbite que ce satellite, mais derrière lui, se trouvait le dernier étage de la fusée (assemblage de réservoirs et moteurs de 6,5 tonnes), devenu inutile dès la séparation du satellite et dangereux, tant par les risques de collision avec Spoutnik que par le risque d’explosion engendré par les ergols résiduels. Sur cette même orbite se trouvait également une petite coiffe conique (d’une centaine de kilogrammes), protégeant Spoutnik pendant la traversée de l’atmosphère et larguée devant le satellite une fois celui-ci en orbite.
Spoutnik lui-même a émis son fameux bip-bip pendant vingt et un jours, période pendant laquelle il était donc fonctionnel. Ensuite, il s’est tu, faute de batteries, jusqu’à sa rentrée dans l’atmosphère qui a eu lieu quatre-vingt-douze jours après son lancement. Devenu non opérationnel, Spoutnik a donc lui-même été un débris orbital pendant les trois quarts de sa vie, évoluant de façon incontrôlée et incontrôlable ; tout au plus pouvait-on suivre sa trajectoire.
Cet exemple illustre bien l’origine principale de débris orbitaux, car la situation a peu évolué depuis. On continue ainsi à lancer des satellites en abandonnant les étages supérieurs des fusées en orbite. Puis, après leur vie active, les satellites sont généralement laissés sur place pour de nombreuses années, si ce n’est pour toujours.
Les débris spatiaux couvrent une très large gamme de taille et de masse. Certains sont très gros, tels des étages supérieurs de lanceurs ou des satellites entiers hors d’usage, pouvant atteindre une dizaine de mètres de longueur et une dizaine de tonnes. D’autres sont plus petits et plus légers, correspondant également à des objets intègres (sangles reliant le satellite à la fusée, capots protégeant les optiques du satellite, systèmes de propulsion secondaires…). Le reste des débris provient de la fragmentation des éléments précédents.
On arrive à suivre de façon continue et à cataloguer les objets d’une certaine dimension en fonction de leur altitude, la taille minimale des débris recensés variant de 10 centimètres en orbite basse (typiquement moins de 2 000 km d’altitude) à 1 mètre en orbite géostationnaire (36 000 km d’altitude). Début mars 2016, on dénombrait ainsi 41 375 gros objets lancés depuis le début de l’astronautique, dont 17 587 encore en orbite. Le catalogue Space-Track,[...]
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Écrit par
- Christophe BONNAL : ingénieur expert senior à la direction des lanceurs du Centre national d'études spatiales (CNES), président de la commission débris spatiaux de l'Académie internationale d'astronautique
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