PROBO KOALA DÉCHETS TOXIQUES DU
Dans la nuit du 19 au 20 août 2006, le Probo Koala, navire vraquier polyvalent battant pavillon panaméen en provenance du Nigeria où il avait livré de l'essence, décharge sa cargaison de déchets autour d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Au début de l'affaire, l'affréteur, la multinationale Trafigura, déclare qu'il ne s'agit que d'« eaux usées », de résidus de fond de cale. Mais très vite il apparaît que le Probo Koala était en fait une « raffinerie flottante » : 70 000 tonnes de pétrole, importées des États-Unis, auraient été transformées en essence à son bord. Près de 400 tonnes de déchets, contenant un mélange de produits de distillation du pétrole, de sulfure d'hydrogène, de mercaptan, de composés phénoliques et d'hydroxydes de sodium, sont déversées dans douze sites autour du grand port ivoirien. Au bout de quelques jours, la population commence à se plaindre de problèmes de santé. Le bilan humain est lourd : dix décès, des milliers de malades.
Fin septembre, dans un climat politique déjà très dur, ce scandale oblige le Premier ministre de transition, Charles Konan Banny, à annoncer la démission de son gouvernement et la suspension de plusieurs hauts fonctionnaires. Le 25 novembre, le directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement, Achim Steiner, lance un appel pour que la communauté internationale prenne en charge les frais de nettoyage des déchets toxiques. Le coût total de la récupération, de l'expédition et du traitement des déchets toxiques, majoré du coût de la réhabilitation des sites, est estimé à 30 millions de dollars.
La majeure partie des déchets du Probo Koala a été collectée, soit au total 6 000 tonnes correspondant aux 400 tonnes déchargées du navire et aux composants avec lesquels elles ont été mises en contact (terre, béton). Du 7 novembre au 26 décembre, cinq cargaisons ont amené ces déchets au port du Havre, d'où ils sont progressivement conduits chez la société Trédi (Salaise-sur-Sanne, Isère), où ce type de déchets est habituellement incinéré par oxydation thermique à plus de 1 100 0C.
Une des leçons les plus importantes à tirer de cette pollution meurtrière est que, malheureusement, ce cas de déchargement sauvage de produits toxiques en Afrique et dans les pays en développement n'est pas unique. D'une part, il y a un problème sérieux vis-à-vis du respect des lois de la convention de Bâle, entrée en vigueur en 1992, qui contrôle « les mouvements transfrontières de déchets dangereux ». D'autre part, en cas d'incident ou d'accident, le protocole de Bâle, signé en 1999, vise à mettre en œuvre un régime global de responsabilité et d'indemnisation des dommages résultant du mouvement transfrontalier de déchets dangereux et autres déchets, y compris le commerce illicite de tels déchets. Au début de 2009, seuls huit pays l'avaient ratifié, alors que vingt ratifications sont nécessaires pour son entrée en vigueur.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
Classification