DÉCHETS
Une nouvelle économie du déchet
La modernisation technique de l'enfouissement
Pour s'adapter à la gestion sélective valorisante, les professionnels du traitement des déchets ont conçu des installations nouvelles spécifiques : les centres de regroupement et de transfert des flux de déchets sélectionnés (papiers et cartons, emballages creux, verres, déchets verts) et les centres de tri affiné par matériau valorisable (carton, papier blanc, journaux et magazines, catégories de plastiques, verre différencié par couleur, fer, aluminium). Mais, malgré tous les efforts de tri valorisant, subsistent des déchets inutilisables, notamment les ordures résiduelles banales. D'autres déchets spéciaux sont toxiques et dangereux ; d'origine domestique (médicaments, solvants, peintures, huiles, pesticides, détergents) et professionnelle (services médicaux et hospitaliers, services d'entretien, artisanat, usines, transports), ils sont détoxiqués et stabilisés avant un stockage final pérenne. L'enfouissement conserve donc un rôle nécessaire désormais très réglementé et diversifié en centres à fonctions spécialisées.
Pour les ordures résiduelles banales (ménagères et assimilées), l'enfouissement n'est concevable que dans les C.S.D.U. Sous cette forme, il conserve une place essentielle dans les zones peu peuplées. Il y est une alternative souhaitée à l'incinération au coût élevé et souvent mal perçue au travers du souvenir de cas avérés de pollutions toxiques dues notamment aux dioxines (molécules dérivées de la combustion incomplète des déchets et fortement nocives pour la santé). Les nouveaux équipements d'incinération peuvent désormais maîtriser ces émissions qui sont très contrôlées.
La décharge traditionnelle est totalement condamnée ; toute décharge brute, ouverte au vent est interdite et doit être fermée. Il ne subsiste plus aujourd'hui que quelques curiosités locales condamnées et en cours de procédure. Les décharges autorisées anciennes doivent être réhabilitées pour réduire leurs nuisances (odeurs, pollutions des sols, des eaux, du paysage). Ces différents travaux, longs, complexes et coûteux, sont inscrits dans les programmes départementaux de gestion, et leur financement est assuré de façon complémentaire par les collectivités (conseils généraux) et par l'État, via l'A.D.E.M.E.
Les seules ouvertures de sites d'enfouissement aujourd'hui autorisées sont des centres de stockage conformes à des techniques améliorées de protection du milieu local et de bonne gestion du fonctionnement interne du gisement élaboré. Ces centres sont désormais réservés aux déchets ultimes, d'où leur nom de C.S.D.U. Leur installation suppose que la protection des conditions naturelles et humaines du site d'accueil est assurée et que les exigences réglementaires, formulées dans un dossier complexe d'étude d'impact consultable par tous, sont respectées.
Selon leur nature et leur degré de toxicité, les déchets sont dirigés vers différents centres d'enfouissement :
– les déchets inertes non polluants (déblais, produits de démolition) sont acheminés vers un centre de classe 3 ou sont utilisés comme remblai dans des chantiers en cours ;
– les déchets banals peu polluants (ordures ménagères et assimilées) sont dirigés vers un centre de classe 2 ;
– les déchets spéciaux et dangereux, surtout d'origine économique (industries, artisanats, services), sont enfouis dans des centres de classe 1 ; après une série d'opérations chimiques de neutralisation et de désactivation, les déchets sont stockés avec précaution et font l'objet d'une surveillance très stricte.
À l'entrée de tous ces centres de stockage, un portique spécifique contrôle l'absence de radioactivité du chargement présenté pour le stockage.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean GOUHIER : maître de conférences en géographie
Classification
Médias
Autres références
-
AGRONOMIE
- Écrit par Stéphane HÉNIN et Michel SEBILLOTTE
- 9 202 mots
- 1 média
Traditionnellement, l'utilisation des déchets urbains, aliments non consommés, cendres des foyers, dénommés gadoues, était proposée et parfois imposée aux agriculteurs. Ils avaient d'ailleurs une double valeur par la chaux et la matière organique qui les constituaient et par les éléments chimiques qu'ils... -
ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie du temps présent
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE
- 4 851 mots
...nord-américains, dans leur vision anthropologique de l'archéologie, au sens d'une approche sociale globale. C'est ce qui a amené William L. Rathje à entreprendre la fouille de poubelles et de décharges contemporaines (garbagearchaeology). Il a ainsi, au cours des années 1970, étudié avec son équipe des échantillons... -
ARCHITECTURE ÉCOLOGIQUE ou ARCHITECTURE DURABLE
- Écrit par Dominique GAUZIN-MÜLLER
- 5 070 mots
- 1 média
Le secteur du bâtiment produisant un volume de déchets supérieur à celui des ordures ménagères, le tri sélectif est devenu incontournable. Un chantier « vert » limite les nuisances pour le voisinage (bruits, poussières) et la mise en place de bennes spécifiques pour les différents matériaux facilite... -
AUTOMOBILE - Défis
- Écrit par Daniel BALLERINI , François de CHARENTENAY , André DOUAUD , Francis GODARD , Gérard MAEDER et Jean-Jacques PAYAN
- 11 590 mots
- 8 médias
C'esten Europe que les premières réglementations concernant les véhicules hors d'usage (VHU) ont été mises en œuvre afin de limiter la production de déchets qui ne cessent de croître. Depuis 2000, l'Union européenne a donc publié des directives pour réduire la mise en décharge (qui s'élevait... - Afficher les 20 références