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PILLNITZ DÉCLARATION DE (1791)

Observateurs narquois et secrètement ravis des embarras de Louis XVI, l'empereur Léopold II et le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, finissent par s'inquiéter de l'« anarchie » qui règne en France et menace, par la contagion de l'exemple, de s'étendre à toute l'Europe. Contre une Assemblée qui prétend exercer partout des droits, ils veulent rappeler les leurs, défendre ceux des princes possessionnés d'Alsace et inciter tous les gouvernements « à faire cause commune afin de préserver la paix publique, la tranquillité des États, l'inviolabilité des possessions et la foi des traités » (Kaunitz). Léopold II, malgré sa répugnance personnelle, esquisse un rapprochement avec la Prusse. Le 15 juillet 1791 (au lendemain du retour de Varennes), son chancelier, Kaunitz, signe avec celui de Prusse, Bischoffwerder, un traité préliminaire d'alliance défensive et de garantie mutuelle de leurs territoires. Sollicités de se joindre à eux, les autres gouvernements déclinent cet honneur : plus désireuse d'encourager les désordres de France, dont elle espère tirer parti, que de les réprimer, l'Angleterre demeure dans l'expectative ; l'Espagne, en proie à de perpétuelles difficultés financières, n'a pas les moyens de sa politique ; la Russie, mal persuadée d'un danger qui couve à mille lieues de Pétersbourg, se contente de promesses vagues. Alors l'empereur et le roi décident d'agir seuls. Un esprit de croisade agite Frédéric-Guillaume II ; plus sceptique, Léopold II préférerait laisser le temps faire son œuvre. Lorsqu'une lettre de sa sœur Marie-Antoinette lui apprend que Louis XVI accepte finalement la Constitution, il saisit ce prétexte pour renoncer à toute intervention armée dans les affaires françaises.

Décidé à lui forcer la main et à le faire sortir d'un attentisme nuisible à tous les souverains d'Europe, le comte d'Artois, accompagné de Calonne, arrive à Vienne le 15 août, au moment même où l'empereur s'apprête à partir pour Pillnitz, près de Dresde, où il doit se concerter avec le roi de Prusse sur leurs intérêts communs et les mesures éventuelles que leur défense nécessite. N'ayant rien pu obtenir de Léopold, sinon la permission de le suivre à Pillnitz, le comte d'Artois y arrive à son tour le 25 août et assiste à toutes les délibérations pendant lesquelles Calonne et lui plaident la cause des émigrés, réclamant une action rapide et forte contre la France révolutionnaire. Après de longs entretiens, coupés de fêtes brillantes offertes par leur hôte, l'électeur de Saxe, les deux souverains finissent par se mettre d'accord sur le texte d'une déclaration assez emphatique pour donner satisfaction aux émigrés, mais assez vague pour ne pas compromettre Louis XVI et fournir à ses ennemis une raison supplémentaire d'agir contre lui. Tout en reconnaissant que la situation du roi de France est « un objet d'intérêt commun à tous les souverains de l'Europe », l'empereur et le roi forment le vœu que ces souverains s'en émeuvent et emploient « les moyens les plus efficaces, relativement à leurs forces, pour mettre le roi de France en état d'affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d'un gouvernement monarchique également convenable au droit des souverains et au bien-être de la nation française. Alors, et dans ce cas, Leurs dites Majestés, l'empereur et le roi de Prusse, sont résolues d'agir promptement, d'un mutuel accord, avec les forces nécessaires pour obtenir le but proposé et commun. En attendant, elles donneront à leurs troupes les ordres convenables pour qu'elles soient à portée de se mettre en activité. »

En subordonnant leur concours à la décision d'intervention prise par les autres puissances européennes,[...]

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