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VENTÔSE DÉCRETS DE

Le problème des décrets de Ventôse (an II — févr.-mars 1794) est lié à celui de la politique sociale des Montagnards pendant la Révolution française. Le 8 ventôse (26 févr. 1794), Saint-Just monte à la tribune : « L'opulence est dans les mains d'un assez grand nombre d'ennemis de la Révolution [...] Les biens des conspirateurs sont là pour les malheureux. Les malheureux sont les puissants de la terre. » Et Saint-Just de faire voter un décret par lequel les propriétés des personnes reconnues ennemies de la Révolution seront confisquées. Le 13 ventôse (3 mars), il fait voter un nouveau décret qui ordonne à toutes les communes de dresser la liste des patriotes indigents et à tous les comités de surveillance d'envoyer au comité de Sûreté générale la liste des détenus politiques (environ 300 000). Muni de ces renseignements, le gouvernement révolutionnaire devait procéder à une distribution des biens des suspects aux indigents ainsi recensés. Précédemment, les biens du clergé et des émigrés avaient été vendus, et ces ventes n'avaient profité qu'à ceux qui possédaient les moyens d'acheter ; cette fois, il s'agissait d'un vaste transfert de terres au profit du « prolétariat ». Cette décision était-elle sincère et même réaliste (tous les suspects n'étaient pas propriétaires de biens fonciers et dans la plupart des cas les indigents n'auraient reçu qu'un lopin de terre insuffisant) ? Certains historiens l'ont pensé, y voyant le début d'une vaste politique destinée à établir une égalité sociale sans laquelle il n'est point de liberté. D'autres se sont montrés plus sceptiques. Les décrets (qui ne reçurent qu'un timide commencement d'application et se heurtèrent aux réticences des indigents eux-mêmes qu'alarmait l'idée d'un recensement, prélude, disait-on, à une déportation) recouvraient en réalité une manœuvre politique : désarmer les prétentions des sans-culottes au moment où le Comité de salut public frappait les hébertistes.

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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  • ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794)

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    • 2 449 mots
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    Ainsi, tour à tour, ceux qu'on dénomma hébertistes et dantonistes furent guillotinés, respectivement le 24 mars et le 5 avril 1794. À cette occasion, deux décrets, les décrets de ventôse, avaient décidé le séquestre des biens des suspects au profit des patriotes indigents, mesure dont l'audace...