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DÉFENSE, psychanalyse

La défense : au service de quelle instance ?

Par ailleurs, si l'on se place dans la perspective de la deuxième topique, ce n'est pas seulement pour éviter d'être submergé par les processus primaires à l'œuvre dans le ça, mais aussi pour satisfaire aux exigences du surmoi que le moi est amené à élaborer des mécanismes de défense. Aussi la liste des défenses possibles peut-elle s'allonger à l'infini selon les instances psychiques défendues, la définition du moi et les agents de l'agression. Considérant qu'il existe dès la naissance un moi primitif en proie à l'angoisse devant les agressions pulsionnelles internes ou devant les éléments extérieurs intériorisés, Melanie Klein élabore les mécanismes de défense psychotiques, puis névrotiques, qui auraient cours dans tout développement normal : introjection, projection, clivage, déni, idéalisation, réparation, identification projective. Dans Le Moi et les mécanismes de défense (1936), Anna Freud se livre, quant à elle, à une description variée et concrète des comportements défensifs, qui, s'ils procèdent tous du moi et ont pour objet de renforcer l'intégrité de celui-ci, peuvent avoir comme cibles soit les pulsions, soit les affects liés à ces pulsions s'ils sont éprouvés comme pénibles (amour, jalousie, mortification, douleur), soit encore les sources d'angoisse venues du monde extérieur. Elle dénombre dix mécanismes de défense : le refoulement, la régression, la formation réactionnelle, l'isolation, l'annulation rétroactive, la projection, l'introjection, le retournement sur soi, le renversement dans le contraire, la sublimation. Représentant de l'Ego-psychology, Heinz Hartmann a, lui, élaboré une théorie qui postule l'existence de deux parties au sein du moi : un moi défensif qui lutte contre les pulsions libidinales du ça par des mécanismes de défense, et un « moi autonome » aconflictuel, dont l'énergie est neutre, non sexualisée, ce qui constitue un abandon de la perspective psychanalytique classique. C'est pour combattre ces conceptions qui, à ses yeux, diluaient les notions freudiennes et avaient pour effet de transformer la psychanalyse en une compréhension des moyens d'adaptation au monde extérieur que, à partir de 1955, Jacques Lacan se fit l'annonciateur du « retour à Freud ».

L'ambivalence de la notion de la défense tient au fait qu'elle désigne un processus, dont les localisations sont variables. Elle peut sembler inspirée par un modèle d'action-réaction venu de la physique. Par ailleurs, la valeur à accorder au succès du processus de défense demeure problématique. À une des extrémités de l'axe, la pathologie n'est le fait que du manque de souplesse ou d'efficacité des mécanismes de défense d'un individu, tandis que pour Anna Freud une défense entièrement réussie est toujours dangereuse.

— Odile BOMBARDE

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