DÉFORESTATION
La déforestation est devenue l'un des fléaux du xxie siècle. Sensibiliser chacun sur le rôle et la richesse des forêts est essentiel pour préserver ces milieux menacés qui ont fourni ou fournissent encore à l'homme refuge, nourriture, combustibles, matières premières... Si l'utilisation de leurs ressources a évolué au cours du temps, les forêts restent essentielles à la survie de notre espèce et à l'avenir de notre planète. S'il y a lieu aujourd'hui de s'inquiéter, c'est parce que, d'une exploitation raisonnée et raisonnable des forêts, on est passé, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à un véritable pillage des sylves et tout particulièrement de celles qui se trouvent sur la ceinture tropicale. Ces dernières représentent des écosystèmes en « mille-feuilles » (strates) qui sont, avec les récifs coralliens, parmi les plus riches en biodiversité.
État des lieux
Aujourd'hui, les forêts couvrent environ un quart, voire un tiers de la surface des terres émergées (selon qu'on comptabilise ou non comme forêts les plantations d'arbres), soit environ 4 milliards d'hectares selon la Food and Agriculture Organization (F.A.O.) qui y inclut les monocultures d'arbres. Seulement 36 p. 100 de ces surfaces sont constituées par des forêts primaires, c'est-à-dire des forêts à haut degré de naturalité, n'ayant jamais été exploitées ou fragmentées par les hommes. Ces chiffres évoluent sans cesse puisque, chaque année, 13 millions d'hectares (soit quatre fois la superficie de la Belgique) sont rasés, brûlés ou convertis à d'autres utilisations. Si les régénérations naturelles, relativement faibles, et les programmes de replantations de forêts naturelles et de monocultures agro-industrielles viennent compenser une partie de ce recul du couvert forestier, les pertes nettes de surfaces boisées sont évaluées, selon les définitions et les modes de calcul, entre 5 et 8 millions d'hectares par an.
Face à ces chiffres globaux, il faut noter une grande hétérogénéité de la déforestation, les forêts tropicales étant les plus touchées. Lorsque la Russie perd 100 000 hectares de forêts boréales par an, le Brésil voit disparaître, dans le même temps, 3,1 millions d'hectares de forêts tropicales. Ce dernier pays a perdu 10 p. 100 de son couvert forestier depuis 1990. Quant à l'Indonésie, sur cette même période, la surface de ses forêts a diminué d'un tiers, soit une perte de 32 millions d'hectares. Depuis les années 1960 et l'instauration de la nouvelle loi forestière sous le régime du président Suharto, la surface forestière de ce pays est passée de 162 millions d'hectares à moins de 90 millions. Par ailleurs, les forêts qui subsistent en Indonésie sont, pour la moitié d'entre elles, morcelées par des routes et menacées par l'expansion des plantations. Les forêts tropicales de plaines, les plus riches en biodiversité, ont pratiquement disparu de l'île de Sulawesi, et les surfaces forestières se réduisent rapidement à Sumatra et dans la province de Kalimantan. Le bassin du Congo, autre grand massif forestier situé sous les latitudes tropicales, a perdu 6 p. 100 de son couvert forestier depuis 1990, soit 14 millions d'hectares.
Néanmoins, si dans cet état des lieux les forêts tempérées sont les seules à ne pas voir leur surface se réduire (sauf quelques cas particuliers, la Tasmanie par exemple), il ne faut pas oublier que dans certains pays comme la France la quasi-totalité des forêts sont gérées de manière privée ou publique, et qu'une partie fort importante est constituée par des plantations ne comprenant qu'une seule espèce (forêts de pins Douglas, de peupliers, d'eucalyptus, de robiniers, de chênes...). Ces plantations ne présentent donc pas la richesse d'un écosystème en mille-feuilles,[...]
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Écrit par
- Emmanuelle GRUNDMANN : docteure en primatologie et conservation des grands singes, journaliste scientifique
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