DÉFORESTATION
Quelles solutions ?
Il n'existe malheureusement pas de solutions simples pour enrayer ce désastre. Les causes sont multiples et se superposent aux politiques des institutions financières internationales, telles que le F.M.I. ou la Banque mondiale, qui n'ont eu de cesse d'encourager la conversion des forêts en cultures industrielles ou encore l'implantation de routes et de barrages hydroélectriques au cœur des sylves. À cela, il faut ajouter le poids des lobbies industriels, comme celui de l'huile de palme, la situation politique instable dans de nombreux pays d'Afrique centrale ainsi qu'une corruption gangrenant certains États et freinant la mise en application des lois nationales ou internationales. Il ne fait désormais plus aucun doute que la protection des forêts naturelles et primaires constitue un enjeu mondial et prioritaire. Parmi les outils disponibles se trouvent évidemment l'appareil législatif, mais aussi la mise en place de certifications de bonne gestion forestière pour ce qui concerne les produits à base de bois, ou encore le programme R.E.D.D.+ (Reduced Emissions from Deforestation and Forest Degradation Program, ou Réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts) qui consiste à fournir des compensations financières aux pays en développement qui choisissent de ne pas exploiter leurs forêts.
Bois illégal et certification
Selon l'O.N.U., de 20 à 40 p. 100 de la production de bois provient de coupes illégales, ce qui représente de 350 à 650 millions de mètres cubes par an. Ce bois correspond à des essences rares et précieuses, protégées par les lois nationales et/ou internationales (bois de rose, ébène, ramin...), à des grumes exploitées dans les parcs nationaux et les réserves, ou encore à des arbres coupés en deçà du diamètre minimal d'exploitation qui est notifié dans le code forestier en vigueur du pays concerné. Pour lutter contre cette exploitation clandestine, des mesures ont été prises depuis quelques années, mais leur mise en application et leur suivi ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux. Au sein de l'Union européenne (U.E.), un plan d'action intitulé F.L.E.G.T. (Forest Law Enforcement, Governance and Trade, ou Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux) a été adopté en 2003. Celui-ci vise à aider les pays en développement à combattre cette exploitation illégale et les profits qui en découlent. C'est dans ce cadre qu'un règlement a été adopté en octobre 2010 au sein de l'U.E. : celui-ci interdit la vente sur le marché européen de bois dont l'abattage ne respecte pas la législation de son pays d'origine (une législation similaire existe aux États-Unis depuis 2008, lorsque le Congrès américain a approuvé des amendements au Lacey's Act de 1900 sur le commerce de la faune et la flore). Cette loi européenne, entrant en vigueur en 2013, concerne principalement le bois brut et semi-transformé, mais pour l'instant ni les meubles, ni les ouvrages de décoration, ni les instruments de musique (gourmands en bois précieux), ni certains produits papier, tels que les revues, les livres et autres supports écrits. Or ne pas appliquer ces mesures légales pour ces produits constitue une hérésie lorsqu'on connaît l'importance du déboisement anarchique de forêts primaires pour alimenter l'industrie de la pâte à papier dans certains pays comme l'Indonésie ou le Brésil.
Certification F.S.C. (Forest Stewardship Council)
Prouver la légalité du bois est un premier pas. Il faut ensuite pouvoir différencier le bois (ou les produits issus de bois) provenant ou non d'exploitations gérées de manière soutenable. C'est tout l'enjeu de la certification. Si plusieurs certifications et labels ont été mis sur le marché, un seul est suffisamment exigeant pour avoir[...]
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Écrit par
- Emmanuelle GRUNDMANN : docteure en primatologie et conservation des grands singes, journaliste scientifique
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