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DEGAS ET LE NU (exposition)

La place éminente qu'occupe la représentation du nu dans l'œuvre d'Edgar Degas (1834-1917) a fait l'objet pour la première fois, au musée d'Orsay à Paris (du 13 mars au 1er juillet 2012), d'une exposition conçue par George T. M. Shackelford, alors conservateur au Museum of Fine Arts de Boston, et Xavier Rey.

Célèbre pour ses danseuses, ses chevaux de course, ses portraits voire ses scènes de la vie moderne, c'est probablement dans le nu exploré tout au long de sa carrière, que Degas a le mieux trouvé à exercer son tempérament novateur et ses recherches techniques, en quête de solutions expressives inédites. La thèse n'a rien de nouveau, mais sa pertinence méritait d'être démontrée, œuvres à l'appui.

L'exposition Degas et le nu a réussi ce pari en rassemblant, dans une muséographie dépouillée, plus de deux cents peintures, dessins, pastels, monotypes, gravures, lithographies et sculptures de l'artiste, provenant de collections publiques et privées du monde entier. Dans un souci de contextualisation appréciable, elle montrait également en regard une petite sélection d'œuvres réalisées du vivant de l'artiste par les maîtres qui l'influencèrent (Ingres et Delacroix), par ceux qui menèrent des recherches parallèles (Renoir, Toulouse-Lautrec et Caillebotte) ou encore ceux qui l'ont admiré (Matisse et Picasso).

De la peinture d'histoire à la modernité

Dans les ateliers de maîtres héritiers d'Ingres, Edgar Degas reçoit une formation fondée sur l'étude du nu d'après le modèle vivant, ce qu'on appelle l'« académie », et de la sculpture antique. Il enrichit également sa culture visuelle au musée du Louvre, au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale et, pendant un voyage de trois ans, en Italie.

Quelques dessins, encore sages, tel celui fait d'après La Naissance de Vénus de Botticelli, témoignent de ce travail d'école. Dans les études pour Petites Filles spartiates provoquant des garçons (vers 1860-1862), renvoi inédit à l'Antiquité, une approche nouvelle et personnelle du nu se fait jour, tant dans le trait que dans la mise en place des figures, donnant un souffle nouveau à la peinture d'histoire.

Œuvre paradoxale dans cette tradition, puisqu'elle ne se réfère à aucun fait historique explicite et semble ne vouloir illustrer que les atrocités subies par les femmes en temps de guerre, Scène de guerre au Moyen Âge, présentée au Salon de 1865 (musée d'Orsay), s'inscrit dans la continuité du style troubadour, d'Ingres à Delacroix, tout en ouvrant une phase nouvelle dans l'œuvre de Degas, par la multiplicité des études de nus préparatoires, dont certaines poses vont se retrouver dans ses représentations ultérieures de femmes au bain. C'est aussi, par la violence du sujet, une œuvre de transition vers une forme très particulière de réalisme « suspendu » qui s'affirmera un peu plus tard dans Intérieur, dit aussi Le Viol (vers 1868-1869, Philadelphia Museum of Art).

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<it>Après le bain, femme s'essuyant la nuque</it>, E. Degas - crédits : Josse/ Leemage/ Corbis/ Getty Images

Après le bain, femme s'essuyant la nuque, E. Degas

<it>Le Tub</it>, E. Degas - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Le Tub, E. Degas