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DELACROIX (1798-1863) (exposition)

Depuis l’exposition du centenaire de sa mort en 1963, aucune rétrospective n’avait été consacrée en France à Eugène Delacroix, l’un des « phares » de Baudelaire et une référence de la modernité, de Cézanne à Picasso. L’exposition organisée par le musée du Louvre en 2018 (29 mars - 23 juillet 2018) en collaboration avec le Metropolitan Museum of Art de New York s’est donc imposée comme une étape incontournable dans la connaissance de cet artiste immense. Elle proposait, à travers cent quatre-vingts œuvres, dont une majorité de peintures et bon nombre de pièces majeures venues tant des musées français que de grandes collections publiques et privées étrangères, une lecture renouvelée du parcours du maître du romantisme.

Renouvellements et contrastes

Les travaux menés depuis la fin des années 1960 ont affiné notre connaissance d’une production où l’on dénombre aujourd’hui plus de huit cents peintures, des milliers de dessins et aquarelles, plus d’une centaine de lithographies, une trentaine de gravures, et bien sûr des écrits biographiques et critiques dont le Journal de l’artiste. Si la chronologie de l’œuvre paraît à peu près maîtrisée, ce sont les clés d’interprétation des séquences de la carrière de Delacroix qui méritaient d’être revisitées : la rupture avec le néoclassicisme qui fait de lui le chef de file du romantisme en peinture, puis les articulations avec les historicismes (du courant troubadour à la montée de l’art académique), le réalisme, enfin l’éclectisme du second Empire. La découverte de la peinture anglaise et de l’aquarelle, de la lithographie puis de la photographie ont évidemment marqué cette création.

Ce sont ces étapes et ces composantes que les commissaires de l’exposition, Sébastien Allard et Côme Fabre, se sont attachés à analyser et à mettre en lumière dans un parcours il est vrai contraint par les espaces sous la Pyramide, peu adaptés aux grands formats, et par la nature même des grands tableaux et décors réalisés par Delacroix qu’il faut aller chercher ailleurs au Louvre, au Luxembourg, au palais Bourbon, à l’église Saint-Sulpice... C’est ainsi que les toiles maîtresses du Louvre La Mort de Sardanapale (1827) et Prise de Constantinoplepar les croisés (1840) étaient restées dans la salle Mollien, où les avaient rejointes Le Christ au jardin des Oliviers de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, fraîchement restauré. D’autres œuvres encore étaient présentes dans les salles de l’aile Sully, comme la Bataille de Poitiers (1830).

« La gloire, écrivait Delacroix, n’est pas un vain mot pour moi » (1824). Cet aveu devait servir de devise au premier acte de l’exposition, les années 1822 à 1834, où l’artiste confronte sa vision à la critique et à l’opinion publique dans l’arène des Salons, à un moment, il est vrai, où le départ de David en exil, la loyauté de Gros envers ce dernier et la mort prématurée de Géricault lui ouvrent la voie. Sujets littéraires (Faust, Macbeth…), historiques ou d’actualité, rien de son temps ne lui échappe. Les Scènes des massacres de Scio (1824, musée du Louvre) comme Dante et Virgile aux Enfers, dit aussi La Barque de Dante (1822, ibid.), sont acquis par l’État, de même qu’un peu plus tard La Liberté guidant le peuple (1830, musée du Louvre) qui célèbre la révolution de 1830 mais sera mis prudemment en réserve. Entre-temps, La Mort de Sardanapale aura fait l’objet d’une réprobation unanime pour « atteinte aux conventions de la peinture et de la morale ». La peinture de guerre, entre actualité grecque et historicisme (LaBataille de Nancy, 1831, Nancy, musée des Beaux-Arts), représente un défi majeur de cette période : influencé par Byron, Delacroix y prend d’évidence la relève du baron Gros.

Le voyage en Angleterre en 1825 (Portrait de Louis Auguste Schwiter, 1826-1827, Londres, National[...]

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<em>La Chasse aux lions</em>, E.Delacroix - crédits : Musee des Beaux-Arts, Bordeaux, France/ Bridgeman Images

La Chasse aux lions, E.Delacroix