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DELAUNAY ROBERT (1885-1941) & SONIA (1885-1979)

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Observateur passionné, Robert Delaunay s'est emparé des idées et des théories de son temps pour les développer, les contredire et enfin les dépasser. Le cubisme s'élaborait alors, guidé par un sévère esprit de géométrie et enfermé dans une inexorable monochromie. L'instinctif Delaunay aspirait à reconstruire le monde, non point selon un principe rationnel, mais en accord avec une puissance active, la lumière. C'est elle en effet qui anime et découpe les choses, et qui se décompose même en couleurs. Mais bientôt, la lumière se débarrasse de ces prétextes objectifs. Elle devient forme et en même temps sujet, son propre sujet.

L'œuvre de Delaunay a contribué à l'élaboration du cubisme et donné naissance à une tendance particulière de celui-ci, pour finalement s'engager dans la voie de l'art abstrait. Delaunay est en effet le pionnier le plus déterminé et le plus fécond d'un art abstrait qu'il met au service des grandes entreprises sociales et urbaines.

À cette révolution de l'art mural s'associe Sonia Delaunay-Terk, sa femme. Stimulante camarade de travail par sa propre activité picturale, elle a en outre rénové totalement l'art du tissu.

Un révolutionnaire de l'avant-garde européenne

<em>Une fenêtre</em>, R. Delaunay - crédits : AKG Images

Une fenêtre, R. Delaunay

Robert Delaunay est né à Paris en 1885. En 1902, il entre dans un atelier de décors de théâtre et s'adonne à la peinture dès 1904. Il a lu les travaux de Chevreul sur la loi du contraste simultané des couleurs, écouté la leçon du néo-impressionnisme puis celle de Cézanne. Dans le Douanier Rousseau, il voit « le grand-père de la révolution artistique moderne ». Il connaît Picasso, Braque, mais c'est Gleizes qui pressent avant 1914 son rôle de novateur. C'est avec le groupe de Gleizes, Léger, Le Fauconnier qu'il expose à la première manifestation cubiste en 1911. L'année suivante, il refuse de figurer à la « Section d'or », conscient de mener sa propre aventure au sein de la révolution cubiste. «   Orphisme », écrit Apollinaire, dans la revue Les Soirées de Paris, pour désigner cet « art pur » en qui il reconnaît un lyrisme neuf qu'il exalte dans le célèbre poème Les Fenêtres. Cet art inspire aussi Blaise Cendrars, auteur du premier poème simultané, Les Pâques à New York. Le « simultanéisme » pictural est le point chaud de la polémique Delaunay-Apollinaire et les futuristes, la priorité et l'originalité d'invention revenant à Delaunay. Le Sturm de Berlin en est le théâtre, à une époque où se forme tout un réseau d'amitiés internationales sur quoi repose le premier essor de l'œuvre de Delaunay. Invité par Kandinsky aux deux manifestations du Blaue Reiter (1911-1912), exposé deux fois au Sturm (1912), il figure avec vingt toiles au premier Salon d'automne allemand (1913). C'est le Sturm encore qui publie, traduit par Klee, son texte Sur la lumière, qui est une des sources essentielles de l'esthétique actuelle. Participant à toutes les manifestations internationales (Moscou, New York), Delaunay joue un rôle d'initiateur, particulièrement auprès des Allemands Marc et Macke. Ses relations avec Kandinsky et Klee sont à l'origine de l'art abstrait. Pionnier de l'abstrait, il réalise comme peintre et chef d'équipe (Herbin, Gleizes et Survage) de grandes décorations pour l'Exposition internationale de 1937 et il sera, en 1939, l'organisateur d'un Salon d'art abstrait, « Réalités nouvelles », à la galerie Charpentier. Deux ans plus tard, Delaunay meurt à Montpellier (1941).

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<em>Une fenêtre</em>, R. Delaunay - crédits : AKG Images

Une fenêtre, R. Delaunay

<em>Hommage à Blériot</em>, R. Delaunay - crédits : Ville de Grenoble /Musée de Grenoble –J.L. Lacroix

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