DELHI
Une métropole polycentrique
À partir des années 1990, ce schéma se modifie brutalement pour créer une situation plus complexe. L'organisation bipolaire éclate du fait d'une spécialisation des quartiers et de l'intégration dans l'agglomération de Delhi, au-delà du district fédéral qu'elle commande, de territoires appartenant aux États de l'Haryana et de l'Uttar Pradesh. New Delhi et Old Delhi trouvent néanmoins dans ce processus une ampleur nouvelle. Si les lieux du pouvoir politique sont restés inchangés, Connaught Place est désormais encerclée par les hautes tours d'un centre d'affaires moderne. Le bazar de la vieille Delhi n'a guère changé d'aspect, mais les affaires qui s'y traitent ont prospéré à la mesure de la croissance du pays. Certains grossistes qui y tenaient boutique travaillent désormais à l'échelle du territoire national ou sont devenus exportateurs.
De nouveaux pôles émergent, dans lesquels se concentrent des fonctions spécifiques. Le sud de la ville, qui s'étend, regroupe de nombreux membres des professions intellectuelles, qui n'ont plus guère l'occasion de se rendre au nord de la cité. Dans les quartiers résidentiels modernes, de nouveaux types de commerces et de services détrônent les anciennes boutiques localisées aux alentours de Connaught Place. La nature des activités présentes autour des places aménagées au cœur des « colonies » définit l'identité de ces quartiers. Le statut social de leurs résidents les classe selon une hiérarchie reflétée par les commerces existants qui, par ailleurs, attirent des personnes extérieures grâce à la spécialisation de leurs activités. Ainsi, dans certains lieux est concentré le prêt-à-porter de luxe, dans d'autres les produits de marques occidentales et les fast foods de chaînes internationales ; d'autres, enfin, accueillent un grand nombre d'antiquaires. Il existe aussi un quartier, « Haus Khas village », aménagé dans un ancien village aujourd'hui situé au cœur de la partie sud de l'agglomération, à proximité de superbes mausolées anciens où, dans une « ambiance rurale », sont vendus des vêtements et des pièces d'artisanat d'art de grande valeur. Les boutiques, mais aussi les restaurants ou bars à la mode, donnent sur des ruelles délabrées et constituent comme un îlot dans la ville. D'autres lieux, au contraire, sont destinés à une clientèle aux revenus modestes. Enfin l'hôtellerie, en pleine croissance, s'est implantée dans l'ensemble de la ville. Son offre s'est adaptée au large éventail des revenus de sa clientèle, des tours des grands hôtels aux petites habitations inconfortables de certains vieux quartiers proches des deux centres historiques de la ville.
À l'extérieur du Territoire de Delhi, qui possède un statut spécifique reconnu par la Constitution de 1949 et lié à sa fonction de capitale fédérale, l'agglomération poursuit son extension sur les deux États fédéraux voisins. Delhi apparaît ainsi comme le cœur d'une région urbaine densément peuplée, composé de nombreuses villes qui constituent une couronne à la grande périphérie de la capitale. Les industries sont rares dans les limites du Territoire de Delhi, principalement tertiaire. Les usines sont repoussées dans ses villes satellites : Bahadurgarh, Faridabad, Ghaziabad, Gurgaon, Noida, inclues dans les limites officielles de l'agglomération de Delhi, ainsi qu'à Meerut et Rohtak, situées à plusieurs dizaines de kilomètres et qui possèdent également des services tertiaires, en particulier dans le domaine éducatif. Elles comportent de vastes résidences destinées aux couches moyennes, tout autant que des zones de logements ouvriers et d'habitats spontanés. Delhi, où un réseau de métro est en construction (inauguration de la première section en 2002, une dizaine de lignes en circulation[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philippe CADÈNE : professeur de géographie
Classification
Médias
Autres références
-
ART COLONIAL
- Écrit par Véronique GERARD-POWELL et Alexis SORNIN
- 8 370 mots
- 2 médias
-
INDE (Le territoire et les hommes) - Géographie
- Écrit par Philippe CADÈNE , François DURAND-DASTÈS et Georges MASCLE
- 16 437 mots
- 10 médias
...ne se limite donc pas à reproduire les divisions anciennes du territoire. Le phénomène le plus remarquable est certainement la montée en puissance de Delhi et de sa région, dès les années 1960, montée qui s'accentue très fortement à partir du milieu de la décennie 1980. La ville tire profit, en effet,... -
SHĀH JAHĀN (1592-1666) grand moghol de l'Inde (1592-1658)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 575 mots
-
URDŪ ou OURDOU LANGUE & LITTÉRATURE
- Écrit par Denis MATRINGE
- 2 713 mots
...de la constitution de pouvoirs régionaux. Cet empire affaibli fut en outre confronté aux ravages causés par les armées afghanes de Nādir Šāh, qui mit Delhi à feu et à sang en 1739, puis d'Aḥmad Šāh Durrānī, qui ravagea la cité en 1757. Delhi perdit ainsi la stabilité qui lui avait permis de devenir le...