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DEMAIN, LA PHYSIQUE (dir. É. Brézin)

À la demande des physiciens, l'U.N.E.S.C.O. décrétait que 2005 serait une « Année mondiale de la physique ». L'assemblée générale des Nations unies a vivement approuvé cette proclamation le 10 juin 2004. Des affiches éditées par la Société américaine de physique ont été placardées dans les laboratoires : « Help make 2005 another wonderful year ! » (Contribuez à faire de 2005 une autre année merveilleuse !). Le portrait d'Albert Einstein, qui orne cet appel, explique le choix de l'année ; cent ans auparavant, dans trois articles décisifs, Einstein faisait entrer la physique dans une nouvelle période. Il s'agissait alors de description théorique et de quête d'une compréhension académique des processus naturels. Un siècle après, on peut mesurer par l'omniprésente technologie où se conjuguent énergie nucléaire, électronique, outils informatiques et sources lasers combien ces idées ont contribué à changer le monde ; toutes ces techniques sont issues des développements de la physique relativiste et quantique.

Mais cet appel dont le ton rappelle celui d'un ordre de mobilisation montre que cette célébration ne se fait pas dans la sérénité. On dit en effet de plus en plus ici et là que le xxie siècle sera celui de la biologie, affirmation péremptoire du style de celles dont l'histoire des sciences nous apprend à nous méfier, affirmation dont on pourrait sourire si elle n'était pas corrélée avec une désaffection réelle des jeunes pour les études de physique, en Europe et aux États-Unis. On ne s'étonne donc pas que des académiciens se réunissent pour cosigner Demain, la physique, ouvrage collectif publié à l'initiative de l'Académie des sciences (Odile Jacob, Paris, 2004). Sans faire de pari sur ce que les physiciens découvriront dans les prochaines décennies, ils tentent de mettre en perspective les problèmes que se posent les (ou en tous cas certains) chercheurs sur le plan fondamental d'abord, puis sur celui des applications. Les applications possibles ne sont en effet que rarement la première justification du travail du physicien, comme le souligne Édouard Brézin dans le préambule : « le propre de l'homme est de connaître l'univers dans lequel il vit et c'est à cette condition qu'il pourra en tirer parti sans tomber dans les pièges qu'il se tend lui-même simultanément ».

Divisé en quatre parties, le livre Demain, la physique s'ouvre sur une introduction titrée humblement « L'étendue de notre ignorance ». Il recense ensuite quelques-uns des problèmes auxquels de nombreux physiciens consacrent une part importante de leur temps.

La première partie, « L'Univers et ses lois », ne surprendra pas les lecteurs. L'astronomie et la physique des particules élémentaires ont fait des progrès considérables dans les dernières décennies et leurs découvertes font régulièrement la une de l'actualité. On imagine aisément que les chercheurs de ces disciplines rêvent d'accélérateurs et d'observatoires (sur Terre ou dans l'espace) toujours plus puissants, et que les contraintes économiques sont le seul frein à leur imagination. D'autres domaines, comme la physique nucléaire ou la géophysique, à un niveau de compréhension plus fragmentaire, sont (trop) brièvement évoqués,

La partie intitulée « La matière » rassemble des réflexions sur la physique atomique et la physique des solides. On appréciera l'enthousiasme d'Alain Aspect pour les phénomènes quantiques qui devraient, selon lui, déboucher sur « une révolution technologique ». La présentation du défi à l'imagination des physiciens que reste la compréhension de la matière solide est plus sobre et l'on pourra regretter la faible place laissée, par exemple, à la supraconductivité. Quelques exemples montrent[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

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