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DÉMENCE

Le terme « démence », longtemps synonyme d'aliénation mentale, a vu, tout au long du xixe siècle, sa définition psychiatrique se limiter et se préciser. La conception primitive n'apparaît plus actuellement que dans le langage courant et en médecine légale. Dans le premier, elle souligne l'impossibilité, pour le « dément », de toute vie collective et personnelle normale. Le légiste limite, quant à lui, le terme démence à la seule notion d'irresponsabilité pénale. « Il n'y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action » (article 64 du Code pénal).

Actuellement, il convient de réserver, en pratique psychiatrique, le terme démence aux états acquis d'affaiblissement mental frappant l'ensemble des facultés psychiques et altérant, avec l'affectivité et l'activité du malade, ses conduites sociales. L'évolution irrémédiable de ce déficit intellectuel reste un caractère essentiel des démences, bien que les progrès thérapeutiques aient permis, dans certaines démences d'origine infectieuse, comme la paralysie générale syphilitique, des améliorations sensibles. C'est pourquoi il importe que le diagnostic des démences soit étayé par de nombreuses investigations cliniques ayant pour objet de préciser la nature du processus pathologique et son dynamisme évolutif.

Les processus dégénératifs, plus particuliers à l'adulte, relèvent principalement de la sénescence. Rançon de l'augmentation de la longévité, la relative fréquence des démences séniles pose à la fois un problème médical, qui est celui de la prophylaxie et de la thérapeutique du vieillissement, et un problème social, qui est celui de l'adaptation du vieillard et de l'assistance psychiatrique qu'il convient de lui assurer.

Le cadre de la schizophrénie est venu d'autre part regrouper non seulement une grande partie des anciennes démences vésaniques, mais aussi les états pseudo-démentiels de l'adolescent et de l'enfant décrits dans la nosologie française sous le nom de démence précoce.

Nosologie de la démence

Dès le début du xixe siècle, Pinel tente de classer les diverses espèces d' aliénation et distingue la manie, « où la faculté de jugement subsiste souvent », de la démence, « débilité particulière des opérations de l'entendement et des actes de la volonté » où « la faculté de pensée est abolie ». Esquirol devait ultérieurement insister sur le caractère acquis des troubles démentiels, opposant ainsi l'idiotie, de caractère congénital, à la démence, d'apparition secondaire. « L'homme en démence est privé des biens dont il jouissait autrefois. C'est un riche devenu pauvre ; l'idiot a toujours été dans l'infortune et la misère. L'état de l'homme en démence peut varier, celui de l'idiot est toujours le même. » Mais Esquirol, en décrivant des formes passagères et des démences aiguës, ne fait pas de discrimination entre les affaiblissements intellectuels incurables et ceux qui sont réversibles. Le terme « stupidité », introduit par Georget en 1820 pour définir les déficits intellectuels passagers, paraît correspondre aux démences aiguës décrites par Esquirol. Ces états aigus, étudiés ultérieurement par Chaslin sous le terme confusion mentale, seront bien décrits par Régis et par Seglas en France, qui les opposeront à la démence de caractère acquis, mais d'évolution irréversible.

La découverte de la paralysie générale par Bayle (1822), avec ses lésions de méningo-encéphalite chronique, rapportées ultérieurement à la syphilis par Fournier, introduit la notion d'organicité en psychiatrie et fournit un premier facteur étiologique de démence. Ultérieurement, Klippel, avec la pseudo-paralysie générale soulignera l'importance[...]

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Écrit par

  • : professeur à la Salpêtrière
  • : avocat à la Cour
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