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DÉMOCRATIE CHRÉTIENNE

L'Europe d'après guerre

Le retour de la démocratie en Autriche, en Allemagne et en Italie, la libération du reste de l'Europe et l'action de nombreux chrétiens contre le nazisme vont donner de nouvelles perspectives au catholicisme politique, qui dans de nombreux pays est de surcroît conforté par l'introduction du suffrage féminin. Les tendances catholiques autoritaires sont privées de légitimité par l'issue du conflit. Le Vatican, après un long moment d'hésitation, reconnaît l'importance des partis démocrates-chrétiens pour défendre les Églises menacées par la montée du communisme. Enfin, l'étiquette n'est plus exclue du jeu politique par l'Église et le rapprochement avec les protestants qu'a permis la lutte contre le nazisme ouvre à beaucoup de ceux-ci le mouvement démocrate-chrétien.

En France, le Mouvement républicain populaire fondé en 1944 est dirigé par des hommes connus du grand public grâce à leur action durant la guerre : Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance, et Maurice Schumann, porte-parole de la France libre à la radio de Londres. Le M.R.P. obtient 25 p. 100 des voix en 1945 et un maximum de 28 p. 100 (et 125 000 adhérents) en 1946, avant de décliner (12 p. 100 des suffrages au cours de la IVe République ; 30 000 adhérents en 1958), victime de la contradiction entre l'antigaullisme de ses cadres et le gaullisme de son électorat. Au pouvoir en coalition avec les socialistes et les communistes jusqu'en 1947 (tripartisme), avec les socialistes, les radicaux et les modérés de 1947 à 1951 (Troisième Force), puis avec la droite modérée en 1954-1955, le M.R.P. aura une politique timide en matière de décolonisation mais un rôle déterminant pour exclure les communistes du pouvoir à la Libération et empêcher le général de Gaulle d'y revenir en 1947 et 1951. Sous l'impulsion de Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, il est à l'origine de la participation de la France à la construction européenne. Incapable de s'opposer à lui seul au gaullisme triomphant, le mouvement disparaît en 1966 au profit du Centre démocrate, né un an plus tôt de la candidature de Jean Lecanuet à la présidence de la République (16 p. 100 des voix). Les centristes, par la suite, auront du mal à jouer un rôle important à cause du système de scrutin majoritaire à deux tours. En 1974, ils s'intègrent dans la majorité de centre droit en soutenant Valéry Giscard d'Estaing. En 1976, mettant fin à une division née lors de la présidentielle de 1969, les démocrates-chrétiens se retrouvent au sein du Centre des démocrates sociaux ( C.D.S.), présidé par Jean Lecanuet. Le C.D.S. sera l'aile « européenne » de la coalition de centre droit au pouvoir. En 1988, il soutient la candidature de Raymond Barre. Absent aux élections présidentielles de 1974, 1981 et 1988, le C.D.S. n'a pu élargir un électorat qui se situe autour de 10 p. 100 des voix. Il disposait en 1992 de 44 députés sur 577 et de 60 sénateurs sur 320, recrutant l'essentiel de ses élus dans les régions catholiques de l'Est et de l'Ouest, fiefs historiques de la démocratie chrétienne.

Le premier parti démocrate-chrétien d'Europe est l'Union démocrate-chrétienne d'Allemagne (C.D.U., près de 550 000 adhérents en 2007) en symbiose avec le parti frère bavarois, l'Union sociale-chrétienne ( C.S.U., près de 170 000 adhérents). Les deux partis forment un groupe commun au Bundestag mais demeurent distincts. Fondée après la guerre, la C.D.U. rassemble protestants et catholiques rapprochés par la lutte antinazie. À l'Est, elle survivra comme un simple satellite du Parti communiste au pouvoir. En République fédérale, la C.D.U.-C.S.U., conduite par Konrad Adenauer, ancien dirigeant du Centre, arrive[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Alcide De Gasperi, 1951 - crédits : Picture Post/ Hulton Archive/ Getty Images

Alcide De Gasperi, 1951

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