DÉMOCRATIES POPULAIRES
La communauté des États socialistes (1968-1989)
Les États socialistes sont, en principe, indépendants et souverains, mais ils appartiennent à un système, à une « communauté » qui exerce une influence sur chacun d'eux.
En particulier, la notion de « défense des conquêtes du socialisme », formulée en 1956 à propos des événements de Hongrie et inscrite dans les déclarations des partis communistes de 1957 et de 1960, a été interprétée en 1968 comme impliquant en même temps la condamnation du « socialisme démocratique » tchèque et le devoir pour les autres États socialistes d'intervenir là où « les conquêtes du socialisme sont menacées ». Lors du Ve congrès du Parti ouvrier unifié polonais (nov. 1968), Leonid Brejnev a affirmé que « l'aide militaire à un pays frère pour écarter la menace contre le système socialiste est une mesure exceptionnelle, contrainte, qui ne peut être appelée que par des agissements des ennemis du socialisme à l'intérieur et en dehors du pays, agissements qui créent une menace pour les intérêts communs du camp socialiste ». Mais, dans la mesure où l'U.R.S.S. décide seule de ce qui est une « menace pour les intérêts communs du camp socialiste » et s'arroge le droit d'intervenir militairement, la limitation qui en résulte pour l'évolution intérieure des États socialistes est évidente.
L'U.R.S.S. a également cherché à renforcer les institutions communes aux États socialistes dans le sens de la « coercition ». Elle a en particulier cherché à augmenter les compétences du Comecon et des organes du pacte de Varsovie, alors que des pays comme la Roumanie cherchaient au contraire à éviter de se trouver engagés contre leur volonté. De même, la conférence des partis communistes que l'U.R.S.S. a organisée à Moscou en juin 1969 a visé, dans l'esprit de ses initiateurs, à limiter la portée des tendances centrifuges au sein du mouvement communiste international. La Yougoslavie et l'Albanie étant extérieures à ces organes bénéficient d'une indépendance beaucoup plus grande. Mais des facteurs internes analogues conduisent au maintien de certains cadres institutionnels communs aux huit États.
Le 1er août 1975, à Helsinki, Erich Honecker pour la République démocratique allemande, Todor Jivkov pour la Bulgarie, János Kádár pour la Hongrie, Edward Gierek pour la Pologne, Nicolae Ceauşescu pour la Roumanie, Gustav Husák pour la Tchécoslovaquie, Josip Broz Tito pour la Yougoslavie (seule l'Albanie était absente) ont apposé leur signature à côté de celle de Leonid Brejnev pour l'U.R.S.S. au bas de l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe. Ils avaient, bien entendu, l'intention d'interpréter à leur manière le principe selon lequel « les États participants respectent les droits de l'homme et les libertés fondamentales, y compris la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion » et « favorisent et encouragent l'exercice effectif des libertés et droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et autres qui découlent tous de la dignité inhérente à la personne humaine et qui sont essentiels à son épanouissement libre et intégral ». Mais des mouvements se sont créés dans plusieurs de ces pays pour promouvoir un respect véritable des droits de l'homme, notamment la charte 77 en Tchécoslovaquie (1977), le Comité de défense des ouvriers (K.S.S.-K.O.K., 1976) et le Mouvement pour la défense des droits de l'homme et du citoyen en Pologne (1977). Ce sont les idées représentées par ces mouvements qui, dix ans plus tard, triompheront des partis communistes.
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Écrit par
- Michel LESAGE : professeur à l'université de Paris-I, directeur de l'Institut de recherches comparatives sur les institutions et le droit du C.N.R.S.
- Henri MÉNUDIER : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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