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DÉMOCRATIES POPULAIRES

La fin des démocraties populaires

À la fin des années 1980, les impulsions données par Mikhaïl Gorbatchev, afin de faire évoluer la société soviétique vers le pluralisme politique et l'économie de marché, constituent un prodigieux encouragement pour tous ceux qui veulent réformer le système communiste, en U.R.S.S. et dans les démocraties populaires. Elles sont allées beaucoup plus loin et plus vite que ne l'espéraient les contestataires les plus audacieux. Selon la formule célèbre, la Pologne a eu besoin de dix ans pour se libérer du communisme, la Hongrie l'a fait en dix mois, la R.D.A. en dix semaines, la Tchécoslovaquie en dix jours et la Roumanie en dix heures. Comme dans les jeux de dominos, la défection du premier pays (en l'occurrence la Pologne) a entraîné des réactions en chaîne qui ont défait toute l'Europe communiste.

Pologne

Malgré la proclamation de l'état de guerre, le 13 décembre 1981, le général Jaruzelski, Premier ministre et premier secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais, ne parvient pas à contenir la montée du syndicat Solidarité, conduit par Lech Wałesa. La faillite du système politique l'oblige à accepter, le 5 avril 1989, le principe d'élections libres (les premières en Europe de l'Est depuis 1945) ; il pose cependant comme condition que le pouvoir du Parti communiste soit ménagé pendant quelques années encore. Comme les partis satellites s'affranchissent de la tutelle communiste et que Solidarité refuse de participer à un gouvernement à direction communiste, le général Jaruzelski se trouve dans l'impasse ; en août, il doit faire appel à Tadeusz Mazowiecki, un des chefs de file de Solidarité, qui va gouverner avec la participation de quelques communistes. Le pouvoir des communistes se désintègre rapidement, Solidarité se divise et Lech Wałesa est élu président de la République, le 9 décembre 1990, avec 74,25 p. 100 des voix.

Hongrie

Après l'écrasement de la révolution d'octobre 1956, la Hongrie connaissait avec János Kádár, secrétaire général du Parti communiste de 1956 à 1988, un régime qui essayait de concilier l'orthodoxie communiste avec une relative tolérance politique et un passage prudent à l'économie de marché. À la fin des années 1980, deux formations rivalisent dans la préparation de la transition démocratique. Le Forum démocratique hongrois est un instrument de dialogue créé en accord avec le pouvoir communiste, alors que la véritable opposition se retrouve dans l'Alliance des démocrates libres. János Kádár se retire en 1988 et meurt en juillet 1989. En février 1989, le Parti communiste prône une « transition graduelle » vers le multipartisme, à condition que les nouveaux partis acceptent le socialisme. Bien que le comité central refuse de réexaminer les thèses officielles sur les événements de 1956, des funérailles nationales sont faites aux martyrs de l'insurrection, parmi lesquels Imre Nagy, chef du gouvernement de l'époque, exécuté en 1958. En octobre, le Parti communiste se transforme en Parti socialiste hongrois, il abandonne le marxisme-léninisme, la dictature du prolétariat et le rôle dirigeant du parti ; il accepte que la future Constitution se réfère au multipartisme. La république socialiste et populaire s'efface devant la nouvelle république de Hongrie, symboliquement proclamée le 23 octobre 1989, trente-trois ans après le soulèvement de 1956.

Aux élections législatives des 25 mars et 8 avril 1990, le centre droit, réuni dans une Alliance des partis nationaux et chrétiens-démocrates autour du Forum démocratique, se détache avec 60 p. 100 des votes ; le centre gauche à tendance sociale-démocrate de l'Alliance des démocrates libres, soutenu par les Jeunes Démocrates, vient loin derrière, les nouveaux socialistes étant marginalisés. Le président du Forum démocratique,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I, directeur de l'Institut de recherches comparatives sur les institutions et le droit du C.N.R.S.
  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Médias

Boris Eltsine au moment du putsch de 1991 - crédits : S. Anipchenko/ Slava Katamidze Collection/ Getty Images

Boris Eltsine au moment du putsch de 1991

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Imre Nagy, 1954

Arpad Szakasits et Mátyas Rákosi , 1948 - crédits : Charles Falus/ Getty Images

Arpad Szakasits et Mátyas Rákosi , 1948

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