DÉMOGRAPHIE
Causes et conséquences des facteurs démographiques
Le paradigme des populations stables a facilité la vue d'ensemble des évolutions de population et l'étude approfondie des déterminants de la fécondité, des mécanismes du vieillissement et de la répartition spatiale des populations.
La transition et l'explosion démographiques
En 1934, peu d'années après la jonction entre le modèle de Lotka et la technique des projections de population, le démographe français, Adolphe Landry, a proposé d'interpréter l'évolution de toutes les populations selon le schéma d'une « révolution démographique ». À partir d'un ancien régime caractérisé par une forte mortalité tout juste contrebalancée par une forte fécondité, la mortalité diminue, ce qui dégage une croissance démographique. Avec retard, la fécondité diminue à son tour jusqu'à un niveau où elle équilibre à nouveau la mortalité, si bien que la population se restabilise. Ce schéma a été repris avec enthousiasme après la Seconde Guerre mondiale sous le nom de « transition démographique ». Au même moment, les pays développés découvraient avec stupeur que la croissance des pays du Tiers Monde s'accélérait, atteignant parfois des valeurs supérieures à 3 p. 100 par an, ce qui correspond à un doublement de la population en vingt ans seulement. On a vu dans le caractère général de la transition démographique la promesse d'une maîtrise de la croissance démographique mondiale. Vision exagérée car la transition démographique ne possède aucune valeur explicative. C'est seulement une description dont le succès repose sur son caractère téléologique : tôt ou tard, l'explosion démographique doit cesser. Ce peut être par une augmentation de la mortalité (on parle alors de « piège malthusien ») qui ramène au point de départ ou par une baisse de fécondité qui permet d'envisager une croissance économique. La prédiction positive de la transition démographique est cependant en train de se réaliser. L'indice conjoncturel de fécondité du monde est passé de 4,9 enfants en moyenne par femme en 1965-1970, période de la plus forte croissance de la population mondiale, à 2,65 sur la période 2000-2005. Tout laisse à penser que la décroissance va se poursuivre et peut-être faire descendre l'indice au-dessous de 2 enfants par femme, ce qui réduirait les craintes que l'importance de la population mondiale et surtout de son développement économique font peser sur l'environnement.
Les causes de ce changement quasi universel de la fécondité sont nombreuses et leur contribution est encore mal évaluée. Il y a d'abord eu la création d'organismes internationaux chargés de répandre les techniques de contraception par l'intermédiaire du planning familial. Ainsi le Fonds des Nations unies pour les activités en matière de population (F.N.U.A.P.) a joué un rôle de premier plan, impulsant aussi de nombreuses études, dont l'enquête mondiale de fécondité, effectuée dans plus de 80 pays de 1970 à 1990. Des conférences mondiales de la population se sont tenues tous les dix ans pour évaluer les progrès accomplis et fixer de nouvelles stratégies. La première conférence, organisée à Bucarest en 1974, avait insisté sur l'importance du développement économique pour le contrôle des naissances. La deuxième, organisée à Mexico en 1984, a misé sur l'importance de l'éducation des femmes, en particulier leur passage par l'école secondaire. La dernière s'est réunie au Caire en 1994. Elle a mis en avant le rôle décisif des femmes (souvent contrecarrées par leurs maris) et de leur choix autonome de fécondité sous l'angle de la « santé reproductive ». Ces différentes politiques ont chacune leur part dans la baisse de la fécondité, mais elles n'expliquent pas tout. En Amérique latine, le revirement de l'Église jusqu'alors hostile à la[...]
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Écrit par
- Hervé LE BRAS : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques, directeur du laboratoire de démographie historique au C.N.R.S.
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