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DÉMONOLOGIE

La démonologie, du grec daimôn « démon » et logos « traité, discours », est la science qui traite de la nature des démons. Elle ne doit pas être confondue avec la démonomanie (du grec daimôn, et mania, « fureur, délire ») qui désigne soit la croyance superstitieuse aux démons, soit une forme d'aliénation mentale dans laquelle on se croit possédé du démon, soit encore la possession démoniaque elle-même.

Daimôn, en grec, ne désigne pas le diable, mais une divinité, une puissance divine par opposition à théos, un dieu en personne. Pros daimona, chez Homère, signifie « contre la volonté des dieux », et sun daimoni « avec l'assistance des dieux ». Les daimones étaient des dieux « inférieurs », des «  génies ». Postérieurement, ce mot fut pris en mauvaise part : le daimôn était mis en rapport avec le destin criminel ou funeste d'un homme, d'une famille ou d'une cité. Au contraire, agathos daimôn, le « bon génie », était invoqué en plusieurs circonstances et, par exemple, à la fin des repas.

Les civilisations se donnent des dieux et des démons qui expriment leurs désirs et leurs craintes. Pasteurs et nomades appellent, par des offrandes et des sacrifices, la bienfaisance des dieux et des génies. Le chamanisme des nomades asiatiques est-il finalement autre chose qu'une tentative de découvrir la logique des dieux, cause des heurs ou malheurs humains ? La démonologie iranienne – qui devait marquer de son influence le judéo-christianisme – se révèle une doctrine du salut : ne vise-t-elle pas à situer l'homme aux côtés du « Bon Esprit » dans le conflit qui oppose ce dernier au « Mauvais Esprit » ?

La démonologie de la civilisation pastorale

Dans une civilisationpastorale, la divinité qui accepte les offrandes et les hommages des fidèles doit, en échange de ces sacrifices, accorder les dons par excellence, ceux qui assurent la nourriture et la vie : la pluie, la fertilité du sol et la fécondité des troupeaux.

Sur le plus ancien vase rituel découvert dans l'Orient mésopotamien, à Warka, et qui fut sculpté aux environs de l'an 3000 av. J.-C., une longue cohorte d'hommes nus, tenant des deux mains des paniers de fruits et de légumes, des amphores et des corbeilles, s'avance vers l'entrée du sanctuaire d'où sort une femme, la grande prêtresse de la déesse Innin représentée par ses emblèmes : deux bottes de roseaux noués. Derrière elle, dans l'enclos sacré, s'accumulent des récipients remplis de produits de la terre. Sur le registre inférieur du vase, des animaux paisibles défilent le long d'une rangée de végétaux et d'épis plantés en bordure de la ligne ondoyante des eaux célestes et terrestres dont dépendent l'abondance des récoltes et la prospérité du pays. Vers la grande prêtresse marche le vicaire du dieu Dumuzi, le grand prêtre qui se prépare au mariage sacré, aux épousailles mystiques et réelles, cérémonie hiérogamique célébrée à l'époque du renouvellement de l'année.

En opposition avec le culte précédent, les puissances invisibles de la sécheresse, de la tempête, de la maladie et de la stérilité qui ravageaient les plantations et décimaient les troupeaux portaient tous les maux redoutés par les pasteurs. Elles furent assimilées aux puissances démoniaques.

Des exorcismes, traduits par C. Fossey montrent la nature de ces influences néfastes :

Ils sont les tempêtes, les nuées, les vents mauvais ! La tempête funeste, l'ouragan, ils les servent ! Ils sont les tourbillons qui, sur le pays se mettent [en chasse... Ils ne prennent point de femme ; ils n'engendrent [pas ; Ils ne connaissent pas la raison... Pour détruire le chemin, ils se tiennent dans les [rues. Au nom de Sin, seigneur de la Lune, soyez [exorcisés ! Du corps de l'homme, fils de son Dieu, n'approchez [pas ! De devant lui, éloignez-vous[...]

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Écrit par

  • : historien des sciences et des techniques, ingénieur conseil

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