DÉMYÉLINISATIONS
Phénomène pathologique, la démyélinisation est observée principalement dans deux maladies : la sclérose en plaques, qui touche le système nerveux central et qui est fatale à plus ou moins longue échéance, et la maladie de Guillain-Barré, qui touche le système nerveux périphérique et qui est spontanément régressive.
L'examen post mortem du cerveau d'un malade atteint de sclérose en plaques montre, sur des coupes où la myéline apparaît colorée en noir, de larges zones claires, les plaques de sclérose. L'examen microscopique montre que les fibres nerveuses ont été remplacées par un tissu cicatriciel. Dans les plaques les plus récentes, c'est-à-dire celles dont l'évolution n'est pas terminée, les fibres nerveuses n'ont pas disparu, mais elles ont été dénudées de leur manchon de myéline. La similarité des lésions avec celles des leuco-encéphalites allergiques, l'intervention probable d'un mécanisme immunologique, amenèrent à provoquer chez l'animal, et particulièrement chez le cobaye, des encéphalites allergiques expérimentales, obtenues par injection du tissu cérébral homogénéisé dans l'adjuvant de Freund. Le sacrifice des animaux ainsi traités, avec des délais variables après l'injection, a montré l'invasion du tissu nerveux par des lymphocytes et des macrophages, qui insinuent leurs prolongements entre les feuillets de la myéline et dénudent la fibre. Le mécanisme est le même pour la multinévrite allergique expérimentale, provoquée en injectant un homogénat de nerf périphérique. L'étude immunologique a montré que, dans un cas comme dans l'autre, l'organisme du receveur avait élaboré des anticorps contre un constituant particulier de la myéline, la protéine basique, dont la séquence est différente pour le système nerveux central et périphérique, ce qui explique l'absence d'immunité croisée. On a pu ainsi supposer que la démyélinisation était produite, et entretenue, par l'action d'autoanticorps contre la protéine basique. L'analyse du liquide céphalorachidien montre en effet une augmentation des gamma-globulines, témoin de phénomènes immunitaires. Toutefois, ces phénomènes immunitaires peuvent n'être que secondaires à une lésion initiale, de nature inconnue, entraînant la libération des composants de la myéline, contre lesquels l'organisme sécréterait des anticorps. La lésion initiale pourrait être le fait de rétrovirus neurotropes tel le LM 7, isolé par Hervé Perron en 1989, ou encore le HTLV-1, et même le VIH pour des neuropathies non identiques à celles de la sclérose en plaques. Des études épidémiologiques réalisées sur des populations à haut risque de sclérose en plaques suggèrent que le contage, ou la sensibilisation, surviendrait dans la petite enfance. Ces mêmes études ont montré un certain degré de prédisposition chez certains individus, que l'on peut identifier par leur groupe tissulaire (complexe majeur d'histocompatibilité).
Des recherches visant à expliquer l'absence de remyélinisation s'intéressent aux oligodendrocytes et aux agents biochimiques qui conditionnent leur activité (facteurs neurotrophiques apolipoprotéine E).
Quoi qu'il en soit, les espoirs thérapeutiques sont liés directement aux progrès de nos connaissances sur les mécanismes fondamentaux de la myélinisation et sur les mécanismes immunologiques au niveau du système nerveux central, qui diffère sous ce rapport du reste de l'organisme. La remyélinisation qui intervient dans le système nerveux périphérique au cours de la maladie de Guillain-Barré indique qu'une démyélinisation d'origine allergique n'est pas ipso facto irréversible.
À côté de ces maladies fréquentes, qui sont l'objet de nombreuses études, il existe toute une famille de démyélinisations[...]
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Écrit par
- Alain PRIVAT : docteur en médecine, docteur en biologie humaine, directeur de l'unité 336 de l'I.N.S.E.R.M.
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